Homme, Diable et Dieu

Orfeo aurait ajouté quelques lieder, le portrait fut complet.

Capté en scène, mais plus souvent dans les studios de la Radio Bavaroise, George London n’est de toute façon que théâtre, magnifiant son français pour l’air de Dapertutto (ce « Scintille diamant » qu’on sait aujourd’hui ne plus être absolument de la plume d’Offenbach), revenant à l’allemand face à l’Antonia flamboyante de Teresa Stich-Randall, moment inouï, et qui ne sera pas le seul dans les scènes à deux.

Magnifique la Tatiana de Valerie Bak, chanteuse oubliée qui triomphe dans la grande confrontation de l’Acte IV d’Eugène Onéguine, proche de timbre d’Inge Borkh, et Astrid Varnay deux fois, Aida grand format dans la scène du Nil, et éternelle Brunnhilde, particulièrement étreignante ce 3 octobre 1953.

Cela suffirait pour rendre l’album incontournable, mais écoutez aussi (en russe !) l’air du Prince Igor, si ample de mots dans ce timbre si noir qui rivalisait avec ceux des grands barytons soviétiques d’alors.

Dommage qu’Orfeo n’ait pas ajouté quelques bribes de son Boris Godounov, face à ses adieux de Wotan, où derrière le feu de la voix transparaît un avant-goût de cendre.

LE DISQUE DU JOUR

Grosse Sänger unseres Jahrhundert
George London

Œuvres de Jacques Offenbach (Les Contes d’Hoffman), Piotr Ilyitch Tchaikovski (Eugène Onéguine), Alexandre Borodine (Le Prince Igor), Giuseppe Verdi (Aida) et Richard Wagner (La Walkyrie)

George London, baryton-basse
Teresa Stich-Randall, soprano
Valerie Bak, soprano
Astrid Varnay, soprano
Mária von Ilosvay, contralto

Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise
Rudolf Moralt, direction
Richard Kraus, direction
Hermann Weigert, direction

Un album du label Orfeo C220051
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Photo à la une : George London, en masterclass à New York, en 1975 – Photo : © Henry Grossman