Modern Style

Dans la section centrale de l’Allegramente, Francesco Piemontesi exhume le blues que beaucoup ne veulent pas y voir, savourant les mystères d’un orchestre trouble comme un alcool. Dans un programme aussi tourné vers la modernité, son Concerto en sol détaillé et profond sonne comme un contrepied, magnifique objet de pur plaisir sonore qui prend tout son temps.

Le délire mécanique des Oiseaux exotiques n’en sera que plus cassant, un autre monde, dont l’orchestre bruitiste réglé au cordeau par Jonathan Nott avive les arrêtes. Fascinants oiseaux de plexiglas, qui refusent d’entrer dans les classiques du XXe siècle, auxquels le pianiste apporte toute sa science de coloriste.

À rebours, les quatre épisodes – on peut difficilement les qualifier de mouvements – du Concerto de Schönberg sont joués comme autant de nostalgie d’un temps révolu : fascinante la valse disloquée de l’Andante qui semble déjà en cours à la première mesure, irritant le faux foxtrot du Molto allegro, avant la méditation façon Bach de l’Adagio ouvert par ce choral de bois et de cordes comme venu d’un autre monde. Les petits fugatos du Giocoso referment dans une suractivité douce-amère cette lecture fascinante d’une œuvre insaisissable et qui entend bien le rester.

LE DISQUE DU JOUR

Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, M. 83
Olivier Messiaen (1908-1992)
Oiseaux exotiques
Arnold Schönberg (1874-1951)
Concerto pour piano et orchestre, Op. 42

Francesco Piemontesi, piano
L’Orchestre de la Suisse Romande
Jonathan Nott, direction

Un album du label Pentatone PTC5186949
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Photo à la une : le pianiste Francesco Piemontesi – Photo : © Marco Borggreve