Les plaisirs

Apogée ou vertige ? Le grand clavecin classique, roide, celui de Louis XIV, allait à jamais quitter ses sévérités pour le temps de Louis XV. Tout un autre monde s’ouvre à lui, qui pourrait correspondre en sons à l’art des grands maîtres du pastel. Adieux suites de danses, bonjour portraits, scènes intimes, échos sonores de cloches, de nature, et lorsque le ballet s’invite, ce sera celui du Pygmalion de Rameau, ébouriffé au clavecin par Balbastre, toujours gourmant du génie du Dijonnais.

Période faste donc, qu’aujourd’hui Céline Frisch herborise comme jadis le fit Blandine Verlet dans ses albums des « Princesses de France » (Philips, années 1970). Elle y commence avec des Couperin et D’Agincourt de pur charme, les jouant leste, et elle ira finir à cette merveille si rarement gravée que sont Les Étoiles, petit moto perpetuo comme argenté par la lueur lunaire.

C’est un monde du tendre, du fragile, des plaisirs fugitifs qu’elle saisit avec poésie sur l’élégant Rastelli d’après Goujon, trésor du Musée de la Musique : écoutez seulement Les tendres sentiments de Royer.

LE DISQUE DU JOUR

L’Aimable
Une journée avec Louis XV

Œuvres de François Couperin (1668-1733), François d’Agincourt (1684-1758), Pierre Dandrieu (1664-1733), Louis-Claude Daquin (1694-1772), Pancrace Royer (1703-1755), Claude-Bénigne Balbastre (1724-1799), Michel Corette (1707-1795)

Céline Frisch, clavecin

Un album du label Alpha Classics 837
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Photo à la une : la claveciniste Céline Frisch – Photo : © Jean-Baptiste Millot