Ses Diabelli

Des éclats, un tonnerre, des humeurs, du fantasque ? Non. Mitsuko Uchida refuse aux Diabelli le statut de laboratoire que tant, de Richter à Brendel, auront voulu y exposer. En classique et en classique absolument viennoise qu’elle est (la plus viennoise des pianistes d’aujourd’hui – oublions Buchbinder, devenu si tâcheron – avec Brendel justement), et toute Japonaise de naissance qu’elle soit, elle les joue sans oublier son Mozart.

Clarté des lignes, élégance plutôt que fulgurance, dynamiques précises qui se garderont toujours de saturer, et, il faut le souligner, une sonorité de bout en bout admirable de contrôle, reflet d’une conception qui va au-delà des apparences (et heureusement le tout bien capté).

Ce qu’entend d’abord Mitsuko Uchida, c’est, derrière les audaces de syntaxe, le rayonnement de la forme, la grande arche, l’œuvre monde, donnant à l’ensemble une logique imparable qui pourra sembler sévère.

Ce piano n’entend pas se déboutonner, mieux, il approfondit chaque variation, en traquant les beautés jusqu’en dans des sfumatos fascinants (le Poco vivace où s’annonce déjà le Brahms de la fin), ne sacrifiant rien à l’anecdotique.

Qui aura joué au disque les Diabelli ainsi ? Hans Richter-Haaser. Ce n’est pas un mince compliment d’affirmer qu’aujourd’hui Mitsuko Uchida conduit l’œuvre aux mêmes altitudes.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
33 Variations sur un thème de Diabelli, Op. 120

Mitsuko Uchida, piano

Un album du label Decca 4852731
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Photo à la une : la pianiste Mitsuko Uchida – Photo : © Decca Classics