Les doigts, voraces, dévorent le Preludio, l’appétit de Gabriel Stern va jusqu’à bouler le tempo, il sait qu’en entrant dans les visions et les paysages des Études d’exécution transcendante l’exaltation doit commander partout.
Encore faut-il en avoir les moyens ; le contrôle de sa Wilde Jagd prouve qu’il les a, mieux, qu’il sait les dominer pour créer dans ce rondo infernal un vrai récit où Méphistophélès proclame et rit. Cette dimension dantesque est omniprésente au long de cet album saisissant, qui ne se soucie jamais de faire entendre des études, mais de la poésie plus souvent qu’en d’autres versions.
Ricordanza ne serait-il pas un autre sonnet de Pétrarque ? L’immatérialité de Feux follets montre l’art du coloriste, alors que Mazeppa semble tout droit sorti du « Galop inachevé » né sous le pinceau de Gustave Moreau.
C’est tout le siècle romantique qui chante et rêve ici, s’exalte et pense sous les doigts de ce pianiste admirable dont les Variations Goldberg (Lyrinx) m’avaient déjà surprises en bien, et même le romantisme d’au-delà de Liszt.
Comment ne pas entendre dans son Chasse-neige splénétique les futures harmonies d’un Rachmaninov, qui sait, peut–être prochaine étape discographique de ce virtuose impétueux dont les Transcendantes se haussent à niveau de celles de Claudio Arrau, probablement leur modèle, même pianisme sombre, même altitude.
LE DISQUE DU JOUR
12 Études d’exécution transcendante, S. 139
Gabriel Stern, direction
Un album du label Mirare MIR596
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Photo à la une : le pianiste Gabriel Stern – Photo : © DR