Le violon des Modernes

Entre deux pôles, l’archet d’Erwin Schulhoff balance : Bach ou les ménétriers, il ne choisit pas, le rythme des seconds (qui lance la verbunkos du Finale), les ornements aux épices baroques se marient dans une œuvre qui sent tout de même plus le plein air, les musiques de village, que l’estrade du virtuose. Baiba Skride épice cette œuvre rare au disque avant de rossignoler la sublime Sonate Op. 31 No. 2 de Paul Hindemith, œuvre essentiellement mélodique, sereine, ailée, bouleversante par son imaginaire limpide qui rend hommage à Mozart au long d’un Finale à variations que la violoniste détaille avec poésie.

Autrement sombre, la grande Sonate ombrageuse, aux harmonies tendues, que Philipp Jarnach dédie à Max Reger, est toute entière placée sous le magister de Bach, mais son modernisme inquiet jusque dans un Finale acide rappelle que Jarnach cherchait, à l’instar de Busoni, d’autres mondes sonores.

Trouvaille formidable, Baiba Skride exhume la Sonate pour violon seul d’Eduard Erdmann, pianiste majeur, certes, mais aussi compositeur de première force. Le dénuement du chant, l’altitude spirituelle de cette musique roide, de loin la plus moderne des quatre sonates des années vingt regroupées ici achève de rendre indispensable cet album parfait.

LE DISQUE DU JOUR

Violin Unlimited

Erwin Schulhoff (1894-1942)
Sonate pour violon seul, WV 83
Paul Hindemith (1895-1963)
Sonate pour violon seul, Op. 31 No. 2
Philipp Jarnach (1892-1982)
Sonate pour violon seul en ré mineur, Op. 13
Eduard Erdmann (1896-1958)
Sonate pour violon seul, Op. 12

Baiba Skride, violon

Un album du label Orfeo C210051
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Photo à la une : la violoniste Baiba Skride – Photo : © Marco Borggreve