Le meilleur de Marguerite

L’identité du piano de Marguerite Long, un poignet cassé et un son perlé ?

Pas seulement, pas du tout en fait. Les quelques pièces de piano solo de Fauré qu’elle grava dans les années trente, alors qu’elle était au sommet de ses moyens, montre un jeu physique, une ardeur, une urgence qui d’ailleurs font fi d’accrocher.

Grand piano, grand son, et certains le trouveront avec raison, un peu trop sain pour du Fauré. Mais peu importe, ces quelques faces font mentir la réputation de sécheresse de celle que nos regards rétrospectifs considèrent, à tort, plus professeur qu’artiste. Du reste, les ombres viendront à son Fauré, ceux du récital de 1957 le disent assez ; au lieu de briller, elle y chante, et comme elle chante justement en accompagnant à Ninon Vallin ses impérissables Berceaux. Toute une époque passe là-dedans.

Sommet de l’ensemble, le 6e Nocturne gravé en 1936, intranquille, avec des échappées pianissimos fabuleuses, diamant noir de la discographie fauréenne. Deux fois la Ballade avec orchestre, magnifique deux fois, les Quatuors avec ses amis Pasquier, Thibaud, Vieux, Fournier, gravures impérissables mais où elle ne prend pas assez à mon goût la parole : voilà vraiment une belle moisson.

Mais écoutez la un peu emporter le Final de la Symphonie cévenole chez Colonne, l’orchestre enflammé par Paray ! Ah oui, Marguerite n’était pas une tiède ! Vite la suite !

LE DISQUE DU JOUR

The French Piano School
Marguerite Long,
Vol. 1

Gabriel Fauré
(1845-1924)
Ballade, Op. 19
version 1930 : Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
Philippe Gaubert, direction

version 1950 : Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
André Cluytens, direction

Barcarolle No. 2 en sol majeur, Op. 41
Barcarolle No. 6 en mi bémol majeur, Op. 70 (2 versions, 1937 et 1957)
Impromptu No. 2 en fa mineur, Op. 31 (2 versions, 1933 et 1957)
Impromptu No. 5 en fa dièse mineur, Op. 102
Nocturne No. 4 en mi bémol majeur, Op. 36
Nocturne No. 6 en ré bémol majeur, Op. 63

Les berceaux, Op. 23 No. 1
Ninon Vallin, soprano
Quatuor pour piano No. 1 en ut mineur, Op. 15
Trio Pasquier
Quatuor pour piano No. 2 en sol mineur, Op. 45
Jacques Thibaud, violon – Maurice Vieux, alto – Pierre Fournier, violoncelle

Vincent d’Indy (1851-1931)
Symphonie sur un chant montagnard français, Op. 25
Orchestre de l’Association des Concerts ColonnePaul Paray, direction

Marguerite Long, piano

Un album de 2 CD du label APR 6038
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Photo à la une : la pianiste Marguerite Long – Photo : © DR