Inoxydable

Cœur brûlant de la planète Solti, le rythme, par quoi il transportait au studio d’enregistrement l’électricité du concert, l’urgence de la scène. Une vraie personnalité dramatique, qui irradia de sa présence discontinue la vie musicale londonienne prés d’un demi-siècle durant, sujet du second volume d’une « Solti Edition » publiée au long-court, préférant à la chronologie la géographie.

Après la saga Chicago, les gravures anglaises donc, de strict répertoire symphonique, un coffret avec les opéras suivra peut-être, comme un autre pour les collaborations continentales, de Munich à Budapest en passant par Vienne.

Phalange principale : le London Philharmonic, dont il fut le patron de 1979 à 1983, mais aussi le LSO qui lui offrira un de ses premiers LP britanniques (une Prague fouettée, irrésistible, mais trois année avant, déjà avec le LPO, quatre ouvertures de Von Suppé détonantes), avec lequel il signera ses premiers cycles Bartók et Mahler, mais aussi ce que Londres offrait de formations chambristes (English Chamber Orchestra, Chamber Orchestra of Europe), sans oublier des ouvertures et des pièces de ballet avec Covent Garden.

Le rythme donc, l’irrépressible vitalité apprise auprès de Toscanini dont le jeune homme fut l’assistant en 1937 pour la Zauberflöte salzbourgeoise du maestro parmesan, une vitalité dans la rigueur qui magnifiera un ensemble Bartók d’une barbare splendeur que dominent deux versions exultantes de la Suite de danses et une Suite du Mandarin noyée de sang et de larmes. Génial simplement, comme son Château avec la jeune Sylvia Sass, voix immense et sans peur.

Que n’a-t-il gravé alors Le Prince de bois, qu’il ne fera jamais hélas, lui pourtant plus aventureux dans son répertoire au disque qu’au concert. Ce fut le cas pour Mahler, préparé avec un soin maladif pour la perfection du ffr de Decca avec le LSO : les trois première Symphonies restent impérissables pour l’urgence (la Titan, inoxydable), mais aussi d’une poésie lyrique (écoutez la mer de silence nocturne dont il enveloppe le « O Mensch ! » d’Helen Watts au cœur de la Troisième Symphonie) qu’on lui dénie trop souvent.

C’est que Solti serait démodé par sécheresse, par dureté, un sans cœur, un athlète. Mais cet athlète-là sait aussi ouvrir les portes d’un ailleurs quasi philosophique dans le Finale de la 9e de Mahler, où les musiciens du LSO distillent un éventail de couleurs tout en sfumato fascinant.

En herborisant dans ce beau coffret, vous glanerez quelques perles oubliées (une ténébreuse Ecossaise notamment, souvent oubliée des discographies, quatre Concertos de Mozart avec Alicia de Larrocha). Bémol, ses Elgar, trop sollicités, sinon le Concerto pour violon avec une désarmante Kyung Wha Chung, mais ailleurs, ce feu, cette ardeur, sont restés intacts, malgré les ratiocinations des Trissotins. Vite, la suite !

LE DISQUE DU JOUR

Solti.
London

The Orchestral Recordings

Béla Bartók (1881-1945)
Le Château de Barbe-Bleue, BB 62
Kolos Kovats, basse (Barbe-Bleue) – Sylvia Sass, soprano (Judith)
Concerto pour orchestre,
BB 123
Suite de danses, BB 86a (2 versions : 1952, 1965)
Musique pour cordes, percussion et célesta, BB 114 (2 versions : 1955, 1963)
Concerto pour piano No. 1, BB 91
Concerto pour piano No. 2, BB 101
Concerto pour piano No. 3, BB 127
Le Mandarin merveilleux, BB 82 (Suite)
Concerto pour violon No. 2, BB 117

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
Concerto pour violon en ré majeur, Op. 61

Alexandre Borodine (1833-1887)
Le Prince Igor (extrait : Ouverture, Danses polovtsiennes)
Sir Edward Elgar (1857-1934)
Variations « Enigma », Op. 36
Falstaff, Op. 68
God Save the Queen (arr. Elgar)
In the South (Alassio)
Ouverture « Cockaigne », Op. 40
Pomp and Circumstance Marches, Op. 39
Symphonie No. 1 en la bémol majeur, Op. 55
Symphonie No. 2 en mi bémol majeur, Op. 63
Concerto pour violon en si mineur, Op. 61

Mikhail Glinka (1804-1857)
Russlan et Lyudmila – Ouverture
Charles Gounod (1818-1893)
Faust (extraits : Musique de ballet, Acte V)
Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie No. 93 en ré majeur
Symphonie No. 94 en sol majeur « Surprise »
Symphonie No. 95 en ut mineur
Symphonie No. 96 en ré majeur « Miracle »
Symphonie No. 97 en ut majeur
Symphonie No. 98 en si bémol majeur
Symphonie No. 99 en mi bémol majeur
Symphonie No. 100 en sol majeur « Militaire » (2 versions : 1954, 1983)
Symphonie No. 101 en ré majeur « L’Horloge »
Symphonie No. 102 en si bémol majeur (2 versions : 1951, 1981)
Symphonie No. 103 en mi bémol majeur, « Roulement de timbale » (2 versions : 1949, 1981)
Symphonie No. 104 en ré majeur « Londres »

Gustav Holst (1874-1934)
The Planets, H. 125
Zoltán Kodály (1882-1967)
Danses de Galánta
Háry János – Suite Op. 35a
Psalmus Hungaricus, Op. 13
Variations sur un chant populaire hongrois

Franz Liszt (1811-1886)
Festklänge, S. 101
Les Préludes, S. 97
Prometheus, S. 99

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 1
Symphonie No. 2, « Résurrection »
Symphonie No. 3
Symphonie No. 9
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Symphonie No. 3 en la mineur, Op. 56 « Ecossaise »
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour trois pianos en fa majeur, K. 242 « Lodron »
Concerto pour trois pianos en mi bémol majeur, K. 365/316a
Concerto pour piano No. 20 en ré mineur, K. 466
Concerto pour piano No. 24 en ut mineur, K. 491
Concerto pour piano No. 25 en ut majeur, K. 503
Concerto pour piano No. 26 en ré majeur, K. 537 « Coronation »
Concerto pour piano No. 27 en si bémol majeur, K. 595
Symphonie No. 25 en sol mineur, K. 183
Symphonie No. 38 en ré majeur, K. 504 « Prague »

Modeste Moussorgski (1839-1881)
La Khovanshchina – Prélude (version Rimsky-Korsakov)
Une nuit sur le Mont Chauve (version Rimsky-Korsakov)

Jacques Offenbach (1819-1880)
La Gaîté Parisienne (arr. Manuel Rosenthal)
Les Contes d’Hoffmann – Entr’acte (Barcarolle)

Amilcare Ponchielli (1834-1886)
La Gioconda – Ouverture
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Concerto pour piano No. 2 en ut mineur, Op. 18
Gioacchino Rossini (1792-1868)
Il barbiere di Siviglia – Ouverture
L’Italiana in Algeri – Ouverture (2 versions : 1955, 1958)
Semiramide – Ouverture

Franz Schubert (1797-1828)
Wanderer-Fantasie (version Liszt avec orchestre)

Igor Stravinski (1882-1971)
Oedipus Rex
Alec McCowen, narrateur – Kerstin Meyer, mezzo-soprano
Peter Pears, Ryland Davies, ténors
Benjamin Luxon, Donald McIntyre, barytons
Stafford Dean, basse
John Alldis Choir
London Philharmonic Orchestra

Franz von Suppé (1819-1895)
Dichter und Bauer – Ouverture
Die leichte Kavallerie – Ouverture
Ein Morgen, Mittag und ein Abend in Wien – Ouverture
La dame de Pique – Ouverture

Giuseppe Verdi (1813-1901)
La forza del destino – Ouverture
La traviata – Prélude aux Actes I & III

William Walton (1902-1983)
Belshazzar’s Feast
Coronation Te Deum

Chamber Orchestra of Europe
Chicago Symphony Orchestra
English Chamber Orchestra
London Philharmonic Orchestra
London Symphony Orchestra
Orchestra of the Royal Opera House, Covent Garden

et aussi, parmi d’autres :
Vladimir Ashkenazy, piano
Alicia de Larrocha, piano
Julius Katchen, piano
Jorge Bolet, piano
Misha Elman, violon
Kyung Wha Chung, violon

Un coffret de 36 CDs du label Decca 48517117
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Photo à la une : le chef d’orchestre Sir Georg Solti – Photo : © Decca Classics