L’art de surprendre

Robin Pharo et ses amis de Nevermind me cueillent à froid avec leur langoureuse transcription de l’Adagio de la Sixième Sonate « Prussienne » : cette mélodie là, surtout jouée ainsi, tire Carl Philipp vers des horizons qu’il n’aurait peut–être pas voulu voir. Mais enfin, Anna Besson est si inspirée par la pure beauté de la phrase.

Les vraies surprises viendront plutôt des trois Quatuors, joués avec un humour teinté de nostalgie, Jean Rondeau et ses amis ne résistant pas à pousser le trait (la fin de l’Andantino du la mineur), ni à souligner les étrangetés harmoniques. « Sturm und Drang », mais aussi un peu piqué Carl Philipp ! Nevermind se régale des bizarreries qu’il additionne dans ces pièces intimes, strictement réservées aux connaisseurs.

Pour refermer l’album, retour au génie mélodique avec le chant châtié, sombre, la plainte immuable de l’Andante con tenerezza, et sa vièle nostalgique que Robin Pharo et Louis Creac’h font résonner, essayant vainement d’amoindrir la mélancolie. Cette fois la transcription ne tire pas la couverture à elle, mais comment aurait-on pu affadir une telle émotion ?

LE DISQUE DU JOUR

Carl Philip Emanuel Bach (1714-1788)
Sonate pour clavecin en la majeur, Wq. 48/6, H. 29
(extrait : II. Adagio – arr. pour flûte, alto, viole de gambe et clavecin : Robin Pharo/Nevermind)

Quatuor en la mineur,
Wq. 93, H. 537

Quatuor en ré mineur,
Wq. 94, H. 538

Quatuor en sol majeur, Wq. 95, H. 539
Sonate pour clavier en la majeur, Wq. 65/32, H. 135 (extrait : II. Andante con tenerezza – arr. : Robin Pharo/Nevermind)

Nevermind
Anna Besson, flûte
Louis Creac’h, alto
Robin Pharo, viole de gambe
Jean Rondeau, clavecin

Un album du label Alpha Classics 759
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Photo à la une : les musiciens de l’ensemble Nevermind – Photo : © Rita Cuggia