Les deux mondes

Un océan sépare les deux derniers Quatuors de Korngold, au propre comme au figuré. Le Deuxième, facétieux, tendre, est une sérénade en quatre mouvements, pénétrée par l’esprit viennois. Les Alma savent pourtant faire paraître cette touche de nostalgie qui rend, sous leurs archets, l’œuvre si sensible : c’est un adieu, le compositeur mettant le point final à l’oeuvre en 1933, juste avant de quitter Vienne pour le mirage Hollywood.

Chef-d’œuvre difficile, à l’écriture fuyante, aux harmonies pas si éloignées que cela des premiers temps de l’Ecole de Vienne, le Troisième Quatuor recycle quelques thèmes cinématographiques qui y paraissent incognito : à peine des caméo. L’œuvre, douce-amère, culmine dans le sostenuto sous-titré « comme un chant populaire » : en 1945, Korngold pleure son Europe, sa Vienne qu’il reverra demi-ruinée, comme Carol Reed l’aura filmée dans Le Troisième homme.

L’émotion est palpable sous les archets sensibles des Alma qui offrent de cette partition exigeante une version inspirante, n’en ôtant aucun fantôme. Ecoutez l’intrada du Finale, avant que le fugato obstiné ne résonne, du grand art.

LE DISQUE DU JOUR

Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)
Quatuor à cordes No. 2,
Op. 26

Quatuor à cordes No. 3,
Op. 34

Alma Quartet

Un album du label Challenge Classics CC2869
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Photo à la une : les membres du Quatuor Alma d’Amsterdam –
Photo : © DR