Pureté

A tempo giusto, Paul Lewis poursuit son exploration du piano de Haydn, en saisissant la singularité dans l’orbe du classicisme. Foin des foucades et des bizarreries dont Glenn Gould les épiçait, il les fait sœurs de celles de Mozart, préférant la poésie à la démonstration, cherchant au-delà d’une fantaisie souvent crépusculaire (voir schubertienne dans ses suspensions et ses redites, on saisit vite dans quel axe il place la 20e) l’équilibre de la raison.

Clavier éclairé, et somptueux par ses équilibres, son nuancier de dynamiques et de couleurs, la parfaite rectitude de sa conduite qui privilégie la ligne longue, le discours cohérent, et sait s’émerveiller soudain d’une de ses modulations inattendues dont Haydn a le secret pour vous serrer le cœur.

Le plus beau paradoxe de ce très accompli Opus 2 de Paul Lewis chez Haydn est bien l’élégance, le raffinement et la simplicité d’un jeu qui n’éloigne jamais l’émotion, palpable sous un toucher subtil, aérien, où le temps souvent se suspend durant les Andante et les Adagio ; soudain ce clavier si équilibré qui chante me donne une idée. Et si Paul Lewis regardait du coté de Scarlatti ?

LE DISQUE DU JOUR

Franz Joseph Haydn
(1732-1809)
Sonate pour clavier en ut mineur, Hob. XVI:20
Sonate pour clavier en mi bémol majeur, Hob. XVI:52
Sonate pour clavier en mi mineur, Hob. XVI:34
Sonate pour clavier en ré majeur, Hob. XVI:51

Paul Lewis, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902372
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Photo à la une : le pianiste Paul Lewis – Photo : © DR