Pastorale

Le temps long, vous connaissez ? C’est l’un des secrets de Brahms, Herbert von Karajan en avait forcé la serrure par le legato : pour tendre les lignes, il entendait son Brahms tuilé dans les conductions harmoniques. Herbert Blomstedt choisit la voie polyphonique : dans une balance parfaite, il fait chanter chaque voix jusqu’au bout de sa phrase, développant de vastes lacis horizontaux où les beautés de l’harmonie brahmsienne exhalent toute leur poésie.

Ces sortilèges produisent une abolition du temps en musique, qui rend la grande reprise du premier mouvement aussi essentielle qu’inaperçue. Où a-t-il pris cette manière si singulière ?
Certainement en fréquentant assidument les symphonies de Bruckner. À cette sollicitation, le Gewandhausorchester répond avec ses clartés naturelles, ses ombres légères, ses cordes ductiles, tout chante sans appui ; une transparence des textures fait voir le ciel de cette pastorale où des cors chantent au loin : écoutez la coda du premier mouvement.

L’orage qui menace un temps dans l’Adagio aurait pu être aquarellé par Mendelssohn, la tendresse de l’Allegretto itou, merveille où les bois font des chants d’oiseaux, où les cordes dansent comme en écho aux Bauer de l’autre pastorale, celle de Beethoven, et le Finale, commencé dans un subtil sfumato, filera, solaire, heureux comme la joie estudiantine qui évitera tout pompe à l’Ouverture pour une fête académique.

Vite, la Troisième Symphonie !

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms
(1833-1897)
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 73
Akademische Festouvertüre, Op. 80

Gewandhausorchester Leipzig
Herbert Blomstedt, direction

Un album du label Pentatone PTC5186851
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Photo à la une : le chef d’orchestre Herbert Blomstedt – Photo : © DR