Premier amour

Au milieu des années 1980, un aventureux label britannique installa ses micros dans la nouvelle salle de concert de l’Orchestre Philharmonique d’Oslo pour enregistrer l’intégrale des Symphonies de Tchaikovski que dirigeait un quadragénaire dont le patronyme fit mouche auprès des mélomanes les plus avertis. Jansons ? Était-ce le fils d’Arvid qu’Evgeny Mravinsky appréciait tant et qui venait de s’éteindre à Manchester ? L’intégrale fit grand bruit, Brian Couzens y ayant déployé les sortilèges de sa légendaire prise de son ; elle révélait surtout un chef prodigieux, qui avait enfin trouvé son orchestre ; après le Philharmonique de Leningrad, Oslo offrait à Mariss Jansons des couleurs pas si éloignées que cela, le vent de la liberté en plus.

On sait la suite, les concerts et les disques avec la Radio Bavaroise et le Concertgebouw, Vienne et Berlin, les plus prestigieuses phalanges lui furent offertes à compter du XXIe siècle, mais Mariss Jansons revint toujours à Oslo, ce sera jusqu’au bout son orchestre de cœur, et celui avec lequel il augmentera son répertoire : ses premiers Mahler, ses premiers Brahms seront avec eux, Simax en a documenté certains. Et des œuvres qu’il abandonnera ensuite seront captées avec eux seulement, comme cette émouvante Symphonie de Franck filmée par la télévision norvégienne dont je me demande pourquoi il aura renoncé à la diriger ensuite.

Les concerts filmés – publiés ici pour la première fois – sont l’apport majeur de cette belle boîte. Le voir diriger avec cet art suggestif, cette battue qui jamais n’oblitère, les deux premières Symphonies de Sibelius, fait regretter qu’il n’ait pas achevé au disque leur intégrale à laquelle manqueront à jamais les 4, 6 et 7. Cravachées, ardentes, les No. 3 et No. 7 de Beethoven subjuguent par leur intensité expressive. L’image dévoile également son plus beau Ainsi parla Zarathoustra et une Première de Mahler poétisée, simplement inouïe d’imagination – le phrasé du grand thème du Finale est inoubliable.

Les disques sont évidemment mieux connus, sinon les deux Symphonies de Svendsen, et à mesure de leur réécoute, une évidence s’impose : l’allant, la ductilité des cordes, la finesse mordante des attaques, cet équilibre clair, Mariss Jansons ne les aura pas trouvés ailleurs, à Oslo son art danse. Ecoutez seulement leur Sacre du printemps.

LE DISQUE DU JOUR

Mariss Jansons
The Oslo Years

Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Francesca da Rimini, Op. 32, TH 46
Roméo et Juliette – Fantaisie-Ouverture, TH 42
Ouverture “1812”, Op. 49, TH 49
Variations sur un thème rococo, Op. 33, TH 57*
Manfred, Op. 58, TH 28
Casse-noisette, Op. 71, TH 14 (Acte II, No. 14 : Pas de deux)
Capriccio italien, Op. 45, TH 47
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie No. 5 en ré mineur, Op. 47
Symphonie No. 6 en si mineur, Op. 54
Symphonie No. 9 en mi bémol majeur, Op. 70

Johan Svendsen (1840-1911)
Symphonie No. 1 en ré majeur, Op. 4
Symphonie No. 2 en si bemol majeur, Op. 15
Sergei Prokofiev (1891-1953)>
Roméo et Juliette – Suites Nos. 1 & 2, Op. 64a/b
Modeste Moussorgsky (1839-1881)
Tableaux d’une exposition
Une nuit sur le Mont Chauve
Prélude, extraite de « La Khovanchtchina »
Antonín Dvořák (1841-1904)
Symphonie No. 9 en mi mineur, Op. 95 « Du Nouveau monde »
Symphonie No. 5 en fa majeur, Op. 76
Ouverture « Othello », Op. 93
Scherzo capriccioso, Op. 66
Symphonie No. 7 en ré mineur, Op. 70
Symphonie No. 8 en sol majeur, Op. 88
Concerto pour violoncelle et orchestre No. 2 en si mineur, Op. 104*
Dance slave en ut majeur, Op. 72 No. 7

Bedrich Smetana (1824-1884)
Vltava (No. 2, extrait de « Má Vlast/Ma Patrie, JB 1:112 »)
Ottorino Respighi (1879-1836)
Feste Romane, P. 157 (2 versions)
Pini di Roma, P. 141
Fontane di Roma, P. 142
Maurice Ravel (1875-1937)
Daphnis et Chloé – Suite No. 2, M. 57b
Paul Dukas (1865-1935)
L’Apprenti sorcier

Béla Bartók (1881-1845)
Concerto pour orchestre, BB 123, Sz. 116
Musique pour cordes, percussion et célesta, BB 114, Sz. 106
Jean Sibelius (1865-1957)
Karelia-Suite, Op. 11
Finlandia, Op. 26
Symphonie No. 1 en mi mineur, Op. 39 (2 versions)
Symphonie No. 2 en ré majeur, Op. 43 (2 versions)
Le cygne de Tuonela (No. 2, extrait des « Légendes du Kalevala/Lemminkäinen-Suite, Op. 22 »)
Valse Triste, Op. 44 No. 1 (2 versions)
Andante festivo, JS 34b
Symphonie No. 3 en ut majeur, Op. 52
Symphonie No. 5 en mi bémol majeur, Op. 82

Richard Wagner (1813-1883)
Die Meistersinger von Nürnberg, WWV 96 – Ouverture
Tristan und Isolde, WWV 90 – Prelude und Liebestod
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf dem Wartburg, WWV 70 – Ouverture
Götterdämmerung, WWV 86D – Trauermusik beim Tode Siegfrieds
Die Walküre, WWV 86B – Walkürenritt
Lohengrin, WWV 75 – Prélude à l’Acte III
Rienzi, WWV 49 – Ouverture
Igor Stravinski (1882-1971)
Le sacre du printemps
Pétrouchka (version 1947)
L’Oiseau de feu – Suite
Arthur Honegger ()
Symphonie No. 2 en ré mineur pour cordes et trompette, H. 153
Symphonie No. 3, H. 186 « Liturgique »
Pacific 231, H. 53 (Mouvement symphonique No. 1)

Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Concerto pour violon et orchestre No. 3 en si mineur, Op. 61
Symphonie No. 3 en ut mineur, Op. 78
Richard Strauss (1864-1949)
Also sprach Zarathustra, Op. 30, TrV 176
César Franck (1822-1890)
Symphonie en ré mineur, FWV 48
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 1 en ré majeur, “Titan”
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55 “Eroica”
Symphonie No. 7 en la majeur, Op. 92

Leonard Bernstein (1918-1990)
Candide – Overture
Lyun Joon Kim (1914-2008)
Élégie
Hugo Alfvén (1872-1960)v
Bergakungen (Le Roi de la montagne), Op. 37 (extrait : Vallflickans dans)
Sir Edward Elgar (1857-1934)
The Wand of Youth, Suite No.2, Op.1b (extrait : VI. The Wild Bears)
Edvard Grieg (1843-1907)
Peer Gynt – Suite No. 1, Op. 46 (extrait : Morning Mood. Allegretto pastorale)
Georges Bizet (1837-1875)
L’Arlésienne-Suite No. 2, GB 121b (extrait : IV. Farandole)
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Suite orchestrale No. 3 en ré majeur, BWV 1068 (extrait : II. Air)
Zoltán Kodály (1882-1967)
Háry János-Suite (extrait : V. Intermezzo)
Pietro Mascagni (1863-1945)
Cavalleria rusticana – Intermezzo
Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Bachianas brasileiras No. 2, W. 247 (extrait : IV. Toccata « O trenzinho do Caipira »)
Yūzō Toyama (né en 1931)
Yugen-Suite (2 extraits : Danse des créatures célestes, Dance des hommes)
Grigoraș Dinicu (1889-1949)
Hora staccato
Ruperto Chapí y Lorente (1851-1909)
La Revoltosa – Preludio
Johann Strauss fils (1825-1899)
Unter Donner und Blitz, Op. 324
Jacob Gade (1879-1963)
Tango-Jalousie
Míkis Theodorákis (né en 1925)
Zorba’s Dance

*Truls Mørk, violoncelle
Oslo Philharmonic Orchestra
Mariss Jansons, direction

Un coffret de 21 CD et 5 DVD du label Warner Classics 0190295242473
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Photo à la une : le chef d’orchestre Mariss Jansons, très jeune, aux côtés d’Herbert von Karajan et Rafael Kubelik – Photo : © BRSO