Orient

Les harmonies dorées de la Siziliane, sa ligne de chant belle comme une arabesque de Klimt font soudain Raul Koczalski proche de Joseph Marx, mais ce n’est pas l’essence de ses autres mélodies : le chant déclamé des Hafiz, les humeurs contrastées du grand cahier à une ou deux voix (alternant soprano et baryton) qui composent les 21 Lieder tirés du Divan de Goethe, indiquent, outre une fascination pour l’Orient que Koczalski partageait avec Szymanowski, une dilection pour la langue allemande, jusque dans la ligne douloureuse, et les mots amers du Psaume 120.

Surprenant à quel point celui que j’aurais connu seulement comme pianiste durant tant d’années se révèle un grand compositeur, non seulement par le ton personnel, mais par les audaces harmoniques qui pimentent le cycle de Goethe dès le premier Llied, duo à peine tempéré.

Paille relative du disque, le baryton dur, sec, de Michał Janicki, s’il rend bien compte des rudesses de bien des Lieder, ne s’accorde pas vraiment avec la pulpe surabondante de sa soprano, qu’il induit parfois en faussetés. C’est dommage vraiment, car ces opus radicaux qui éclairent le catalogue de Koczalski sont exigeants, à la mesure de leurs qualités.

LE DISQUE DU JOUR

Raul Koczalski (1884-1948)
Intégrale des Mélodies,
Vol. 1

Sicilienne, Op. 107
Ob ich dich liebe?, Op. 60
So war’s mein König
Psaume 121, Op. 120
21 Gesänge und Duette, Op. 121
4 romantische Lieder, Op. 63
4 Hafis-Lieder, Op. 104

Katarzyna Dondalska, soprano
Michał Janicki, baryton
Michał Landowski, piano

Un album du label Acte Préalable AP0601
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Photo à la une : la soprano Katarzyna Dondalska – Photo : © DR