Le Roi Karl

Il venait d’un autre monde, celui d’Abendroth, de Furtwängler, de Clemens Krauss, il aurait dû se vouer à Bruckner, à Brahms, à Richard Strauss, mais non, tout son être chenu mais pourtant élégant abhorrait le Romantisme. Rigueur ? Clarté. Comme ses beaux yeux le disaient assez, la baguette de Münchinger était un laser, elle faisait tout entendre, et en même temps, l’ascension des polyphonies, l’allargando des mélodies, il fallait juste trouver le point d’équilibre des deux.

Avec cela quelque chose de très allemand, dans le maintien, le sérieux, la volonté de s’effacer. L’opéra non, la grande symphonie pas plus, pas plus loin que Schubert, et avec quelle évidence ! À la génération suivante, Karl Richter ira bien de Bach à Bruckner, mais lui non. Bach oui, et comment !, question d’âme, ceux qui savent gardent précieusement ses Passions, elles voisinent avec celles de Scherchen sans crainte, car ce classique est baroque voyez-vous. Même lorsque, comme ces deux coffrets, on le prive de ses chanteurs si choisis.

Pour Karl Münchinger, il n’était pas question de laisser, quoi que les temps nouveaux en disent, Haendel, Vivaldi, Pergolèse, Telemann et même Couperin, il les dirigerait pour tout un public qui voudrait encore les entendre ainsi.

Malgré la poussière des ans, les retrouver fait plaisir. Les Mozart et les Haydn sont restés, eux, impérissables, pour l’exactitude du ton, la clarté, l’élan mesuré mais certain, le simple rayonnement d’un texte qui suffit. C’est beaucoup et cela reste.

Ces deux coffrets conservent un art qui aura refusé de se démoder, têtu dans son bon sens, et qui derrière la rigueur sourit parfois avec une impertinence de jeune homme : écoutez le Finale de la 88e de Haydn ou l’effervescence de l’Allegro con spirito de la Haffner de Mozart, et cherchez tant que vous pourrez encore le trouver le coffret Schubert que Cyrus Meher-Homji a fait paraître voici quelques années.
Car Münchinger y aura débusqué avec une justesse sidérante ce qui fait dans la symphonie comme dans Rosamunde, le génie singulier de l’orchestre du compositeur du Roi des aulnes.

LE DISQUE DU JOUR

Karl Münchinger
The Classical Legacy

Franz Joseph Haydn
(1732-1809)
Symphonie No. 88 en sol majeur, Hob. I:88
Symphonie No. 101 en ré majeur, Hob. I:101
« L’Horloge »

Symphonie No. 96 en ré majeur, Hob. I:96 « Miracle »
Symphonie No. 104 en ré majeur, Hob. I:104 « Londres »
Symphonie No. 83 en sol mineur, Hob. I:83 « La Poule »
Symphonie No. 100 en sol majeur, Hob. I:100 « Militaire »
Concerto pour violoncelle et orchestre en ré majeur, Hob. VIIb:2
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie No. 31 en ré majeur, K. 297 « Paris »
Symphonie No. 32 en sol majeur, K. 318
Symphonie No. 35 en ré majeur, K. 385 « Haffner »
Symphonie No. 40 en sol mineur, K. 550
Symphonie No. 33 en si bémol majeur, K. 319
Concerto pour flûte, harpe et orchestre en ut majeur, K. 299
Concerto pour clarinette et orchestre en la majeur, K. 622
Sérénade en ré majeur, K. 250 « Haffner »
Sérénade en sol majeur, K. 525 « Eine kleine Nachtmusik »
Divertimento en ré majeur, K. 136
Divertimento No. 11 en ré majeur, K. 251 « Nannerl-Septett »
Les petits riens, K. app.10 (Ballet)
Ein musikalischer Spass, K. 522
Concerto pour violon et orchestre No. 3 en sol majeur, K. 216
Concerto pour violon et orchestre No. 7 (6) en mi bémol majeur, K. 268
Concerto pour piano et orchestre No. 9 en mi bémol majeur, K. 271 « Jeunehomme »
Concerto pour piano et orchestre No. 15 en si bémol majeur, K. 450
Luigi Boccherini (1743-1805)
Concerto pour violoncelle et orchestre en si bémol majeur, G. 482

Werner Tripp, flûte (K. 299)
Hubert Jellinek, harpe (K. 299)
Alfred Prinz, clarinette (K. 622)
Pierre Fournier, violoncelle (Haydn, Hob. VIIb:2; Boccherini)
Christian Ferras, clarinette (K. 216, 268)
Wilhelm Kempff, piano (K. 271, 450)

Wiener Philharmoniker
Stuttgart Klassische Philharmonie
Stuttgarter Kammerorchester
Karl Münchinger, direction
Un coffret de 8 CD du label Decca 4840170 (Collection Eloquence Australia)
Acheter l’album sur le site de la collection Eloquence, sur le site www.ledisquaire.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Karl Münchinger
The Baroque Legacy

Giovanni Gabrieli
(1553–1612)
Sonata XIII
Canzona VII
Canzona a 7
Canzon per sonar primi toni
Canzona X (Symphoniae sacrae)
Canzona II (Canzoni et sonate)
Sonata pian e forte quarta bassa
Sonata con tre violini (Canzoni et sonate)
Canzon prima à 5
Sonata pian e forte
Brian Runnett, clavecin
Georg Philipp Telemann (1681–1767)
Concerto pour alto, cordes et basse continue en sol majeur, TWV 51:G9
Heinz Kirchner, alto
Ouverture-Suite en sol majeur, TWV 55:G10 « Burlesque de Quixotte »

Antonio vivaldi (1678–1741)
Concertos pour violon, cordes et basse continue, Op. 8 Nos. 1–4 « Les quatre saisons » (3 versions)
Reinhold Barchet, violon (enr. 1951)
Werner Krotzinger, violon (enr. 1958)
Konstanty Kulka, violon – Igor Kipnis, clavecin (enr. 1972)
Concerto en mi mineur pour violoncelle, cordes et basse continue
(d’après la « Sonate, RV 40 », arr. par Vincent d’Indy et Paul Bazelaire)

François Couperin (1668–1733)
Pièces en concert pour violoncelle et cordes (arr. Paul Bazelaire)
Pierre Fournier, violoncelle
Giovanni Battista Pergolesi (1710–1736)
Concerto pour flûte, cordes et basse continue No. 1 en sol majeur, P. 33
Concerto pour flûte, cordes et basse continue No. 2 en ré majeur
Jean-Pierre Rampal, flûte
Unico Wilhelm van Wassenaer (1692–1766)
Concerti Armonici Nos. 1-6

Johann Sebastian Bach (1685–1750)
Ouverture No. 1 en ut majeur, BWV 1066
Ouverture No. 2 en si mineur, BWV 1067 (avec Jean-Pierre Rampal, flûte)
Ouverture No. 3 en ré majeur, BWV 1068
Ouverture No. 4 en ré majeur, BWV 1069
Fugue en la minor, BWV 947 (arr. Karl Münchinger)
Fugue en sol mineur de la « Passacaille et Fugue pour orgue en sol mineur, BWV 542 » (arr. Karl Münchinger)
Ricercare à 6, de « L’Offrance musicale, BWV 1079 » (arr. Edwin Fischer)

Johann Christian Bach (1735–1782)
6 Symphonies, Op. 18 Nos. 1–6
Ludwig van Beethoven (1770–1827)
Große Fuge en si bémol majeur, Op. 133 (version pour orchestre de chambre)
Franz Joseph Haydn (1732–1809)
Symphonie No. 45 en fa dièse mineur, Hob. I:45 « Abschied »

Stuttgarter Kammerorchester
Membres de L’Orchestre de la Suisse Romande (Haydn)
Karl Münchinger, direction
Un coffret de 8 CD du label Decca 4840160 (Collection Eloquence Australia)
Acheter l’album sur le site de la collection Eloquence, sur le site www.ledisquaire.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : le chef d’orchestre Karl Münchinger – Photo : © Decca Records