Sur les ailes du chant

Les ténors se sont peu risqués aux lieder comme aux mélodies de Liszt au disque, Ernest Haefliger, Nicolaï Gedda s’y sont penchés, l’un et l’autre tardivement, mais avec encore tout leur art, exceptions heureuses.

Territoire souvent par annexion des « voix moyennes », mezzos, barytons, le ténor est pourtant chez lui ici, bien sûr dans les redoutables mélodies sur les vers de Victor Hugo – pour le célèbre Oh quand je dors, Cyrille Dubois préfère la seconde version, plus contournée – mais aussi lorsque Liszt débusque avec génie le lyrisme de Goethe ou de Heine.

Cyrille Dubois les éclaire avec ce timbre si net, ce vibrato de flûte, cette voix longue et si française qu’on reconnaissait hier un peu chez Paul Derenne, beaucoup chez Eric Tappy (lequel aimait regarder les mélodies de Liszt mais n’y touchât guère), affaire de ténor et de ténor avec aigu, qui peuvent se mesurer aux sopranos lesquelles auront peu parcouru ces opus éparses, sinon Hildegard Behrens pour un album fugitivement publié par Deutsche Grammophon, merveilleuse comète filante.

Et bien voilà, maintenant cette part charmeuse et aventureuse de Liszt et jusqu’au génial Freudvoll und Leidvoll aura trouvé cette voix venue d’ailleurs, encorbellée par la piano harpe de Tristan Raës, mieux qu’un accompagnateur, un amoureux qui fait son clavier aussi chantant que la voix qu’il emporte.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Liszt (1811-1886)
Hohe Liebe, S. 307
Jugendglück, S. 323
Liebestraum „O lieb“, S. 298
Morgens steh’ ich auf und frage (2e version), S. 290/2
Es rauschen die Winde (2e version), S294/2
Die Loreley (2e version), S. 273/2
Freudvoll und Leidvoll II, S. 280/2
Vergiftet sind meine Lieder, S. 289
Bist du, S. 277
Was Liebe sei (1re version), S. 288/1
Die Zelle in Nonnenwerth (4e version), S. 274/2
Nimm einen Strahl der Sonne, S. 310
Laßt mich ruhen, S. 314
Schwebe, schwebe blaues Augen (1re version, posthume), S. 305/1
Der Fischerknabe (1re version), S92/1
S’il est un charmant gazon (1re version), S. 284
Enfant, si j’étais roi (2e version), S. 283/2
Oh ! quand je dors (2e version), S. 282/2
Comment, disaient-ils (2e version), S. 276/2
Angiolin dal biondo crin (2e version), S. 269/2
3 Sonnets de Pétrarque (1re version), S. 270/1

Cyrille Dubois, ténor
Tristan Raës, direction

Un album du label Aparté AP200
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Photo à la une : le ténor Cyrille Dubois – Photo : © DR