Polyphonies de cordes

En 1984 , Dimitry Sitkovetsky céda à la tentation : il transcrivit les Variations Goldberg pour trio à cordes. Trente cinq ans plus tard, en écho évident à la tentative de Sitkovetsky, Frank Peter Zimmermann songea un temps à graver une nouvelle version de cette même proposition, mais revenant avec ses amis Antoine Tamestit et Christian Poltéra à l’original pour clavier, ils choisirent leur propre voie.

Ce que Dimitry Sitkovetsky voyait comme une fantaisie poétique répondant aux propres démarcations proposées par Glenn Gould cède le pas ici à une divulgation de l’écriture de Bach : littéralement, les trois instruments exposent en majesté le contrepoint, les quodlibets, les canons, toutes les arcanes de ce qui est la chaire même des Goldberg : un apothéose de la polyphonie.

Comme cela chante et rayonne, danse et songe, dans un mouvement constant qui est la nature même du baroque ! On a le sentiment d’entendre tournoyer l’œuvre, d’en saisir toutes les facettes à la fois, au point qu’un vertige pourra vous saisir à un moment : cela ne cesse jamais.

La beauté des trois Stradivarius n’est pas pour peu dans les splendeurs de cet objet sonore non identifié, rayonnant par le disque dans une apesanteur magique que magnifie encore un jeu historiquement informé. Et si demain les trois amis, quittant les rivages amènes des Goldberg, osaient restituer au même degré de perfection les épures de L’Art de la fugue ?

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg, BWV 988 (arr. Trio Zimmermann)

Trio Zimmermann
Frank Peter Zimmermann, violon
Antoine Tamestit, alto
Christian Poltéra, violoncelle

Un album du label BIS Records 2347
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Photo à la une : les membres du Trio Zimmermann – Photo : © Mats Bäcker/BIS