Cantate française

La Chasse du Cerf que Louis XIV avait entendue à Fontainebleau le 25 août 1708, ce flamboyant opus de vènerie, sera restée l’œuvre la plus célèbre de celui qui fut le musicien favori du Duc d’Orléans, au point que Jean-François Paillard en réalisa un enregistrement splendide qu’Erato ferait bien de rééditer à nouveau.

Oui, mais voilà, le vrai titre de gloire de Jean-Baptiste Morin fut d’être « l’inventeur » du genre de la cantate française. On peut lui adjoindre deux autres compositeurs versés dans cet art, Élisabeth Jacquet de La Guerre et ses cantates bibliques, et Louis-Nicolas Clérambault avec ses cantates mythologiques.

Fait incompréhensible, jusque-là le petit théâtre des Cantates de Morin aura été fui par le disque, négligence que rachète enfin cet album bienvenu où éclate dès la tempête du Naufrage d’Ulysse les audaces descriptives et le talent dramatique de son art.

L’Ensemble Lautenwerk, bien fourni (flûte, violon, basson, viole, théorbe et clavecin), dresse des paysages stupéfiants, sur lesquels le chant historiquement informé de Stefanie True fait apparaître de vrais personnages, et c’est merveille lorsque pour la subtile Psyché et ses sœurs, Zsuzsi Tóth et Michaela Riener la rejoignent, campant une vraie scène lyrique.

Partout j’admire la franchise et l’élan de cet art, mais plus encore dans la Suite de L’Himen et l’Amour que conclut une magnifique chaconne : elle plaide pour que tout le divertissement soit enregistré, mais aussi les Motets (William Christie en grava un en complément de son disque dévolus aux petits Motets de Delalande, il y en quinze autres) : on rendrait enfin justice à ce compositeur qui sut si bien plier les influences italiennes au grand style français.

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Baptiste Morin
(1677-1745)
Le Naufrage d’Ulisse, cantate IV à voix seule et simphonie
Circé ou la Jeune Flore, cantate III à voix seule
Psiché et ses sœurs, cantate VI à 3 voix (extraits des « Cantates françoises, Op. 6)
L’Himen et l’Amour, épithalame, divertissement avec simphonie et recueil d’airs à boire à deux voix, Op. 7 – Suite

Stefanie True, soprano
Zsuzsi Tóth, soprano
Michaela Riener, mezzo-soprano
Ensemble Lautenwerk
Giulio Quirici, direction

Un album du label Etcetera KTC1635
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Photo à la une : © DR