Simplicité

Les pièges de la Troisième Symphonie sont innombrables et guettent leurs interprètes dès le Kräftig initial, les appelés furent nombreux – ce n’est pas pour rien que Bruno Walter ou Otto Klemperer se tinrent loin de l’œuvre – les vrais élus rares : Charles Adler, Jascha Horenstein, Herman Scherchen, Vaclav Neumann, Bernard Haitink, Rafael Kubelik, Claudio Abbado et Ivan Fischer, c’est peu (et probablement pour tout un chacun pas limitatif).

Il y faut avant tout une grande simplicité qui rejette de facto tout effet pour produire une symphonie monde, un univers musical, tout le contraire du barnum qu’y déclenchait non sans jouissance James Levine. Adam Fischer, rendu au cinquième volume de son intégrale, est une fois encore le naturel-même. Son grand premier mouvement ténébreux, plus méditatif que dramatique, se garde bien de tout effet, vaste poème qui mêle l’épique à l’intime.

Dans les deux petits mouvements pastoraux, il dessine de subtiles « Tagmusik » délicieusement naïves, jouées avec une sorte de rectitude pourtant fluide où les textures chambristes scintillent, m’évoquant ce qu’y faisait Rafael Kubelik.

Le grand Finale déploie son arche sans ostentation, évident chemin vers une lumière plus irradiante qu’aveuglante. Et le Misterioso ? Anna Larsson ne peut plus cacher la fatigue de sa voix, mais même dans son timbre éteint, ses mots me touchent, et les plaintes des bois lui font écho avec art. Enfants formidables, légers, plus anges que gamins. Ce parcours mahlérien sans faute est décidément une aubaine.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 3

Anna Larsson, mezzo-soprano
Clara Schumann-Jugendchor
Frauenchor des Städtischer Musikverein Düsseldorf
Düsseldorfer Symphoniker
Adam Fischer, direction

Un album du label CAvi-Music 8553399
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Photo à la une : Le chef d’orchestre Adam Fischer – Photo : © DR