Cygne noir

Une fastueuse Belle au bois dormant avait assez dit le talent narratif et l’art des atmosphères dont Vladimir Jurowski, revenu dans sa Moscou natale, pouvait parer le moins célèbre des ballets de Tchaïkovski. Quel saisissement à l’écoute de sa relecture que certains n’auront pas compris. Trouveront-ils plus aisément les chemins menant à ce très sombre Lac des Cygnes, drame dansé dont même le divertissement de l’Acte III affiche une teinte tragique.

C’est que la version retenue par Vladimir Jurowski est celle de la production de la création au Bolchoï en 1877, qui fut un échec retentissant. Marius Petipa redonna sa chance au ballet en l’habillant d’une sorte de féérie qui masqua le thème de la malédiction des amours féminines, Tchaïkovski était mort depuis deux ans alors.

Vladimir Jurowski refuse de diriger l’œuvre comme un grand ballet du répertoire mais en fait une symphonie macabre d’une puissance suggestive sciante, musique désespérée où pleure un violon inquiet. C’est de bout en bout saisissant, ne ressemble à aucune autre version de ce chef-d’œuvre dont Tchaïkovski voulait faire sa Coppélia, un conte sinistre, une danse de mort. Splendide et irrespirable.

LE DISQUE DU JOUR

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Le Lac des cygnes, Op. 20,
TH 12

State Academic Symphony Orchestra of Russia
« Evgeny Svetlanov »

Vladimir Jurowski, direction

Un album de 2 CD du label Pentatone PTC5186640
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Photo à la une : © DR/Pentatone