Archiluth

Bach aura transcrit pour le luth sa Cinquième Suite pour violoncelle, y transfusant avec génie l’esprit comme la lettre de l’original et posant aux luthistes un sacré défi : chanter autant sur leurs cordes pincées que ne le fait naturellement l’archet des gambistes.

Thomas Dunford y réussit, élégant de phrasés, mais surtout intense dans le traitement de l’harmonie, creusant l’espace sonore. Il ajoute deux arrangements de son crû, l’océanique Première Suite pour violoncelle, rendue avec une poésie confondante dans un jeu de murmure dont s’exhale une nostalgie indélébile : quelle rêverie en six stations, qui exhausse les danses en sonnets !

Surprise, la terrible Chaconne de la Deuxième Partita pour violon, complète l’album, terrible pour les doigts mais surtout pour l’esprit. La difficulté reste absolue : rendre la polyphonie sensible, dépasser l’ardeur virtuose pour ressaisir le caractère d’une danse stylisée.

Et c’est bien le long ruban d’une chaconne que déploie Thomas Dunford au travers des prismes de la polyphonie, voici une grande ligne qui cherche l’infini et le trouve dans le mouvement discret mais obstiné de son archiluth éloquent.

Bel album vespéral, qui sacre un magnifique instrument signé en 1993 par Giuseppe Tumiati, autre héros de ce disque.

LE DISQUE DU JOUR

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Suite pour violoncelle No. 1 en sol majeur, BWV 1007
(arr. pour luth T. Dunford)

Suite pour luth en sol mineur, BWV 995
Chaconne de la Partita pour violon No. 2 en ré mineur, BWV 1004
(arr. pour luth T. Dunford)

Thomas Dunford, luth

Un album du label Alpha Classics 361
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Photo à la une : © DR