La Symphonie du Nouveau Monde

En quittant à regret le visionnage de cette Première Symphonie, une interrogation me saisit. Henry-Louis de La Grange a-t-il pu entendre ce que Riccardo Chailly faisait de la Première Symphonie lorsqu’il la remit sur le métier avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ? Je l’espère, car cette captation d’un concert donné en janvier 2015 correspond si exactement à ce qu’il me disait entendre dans cette œuvre : tout un nouveau monde sonore né ex-nihilo de toute autre musique sinon de celle de l’univers : « Naturlaut ».

Peu se sont penchés avec une telle intensité sur le silence que Gustav Mahler met en musique dans tout le début de sa symphonie (d’ailleurs c’est en cherchant le même silence musical qu’il refermera la Neuvième Symphonie), auront su le former et en laisser émaner tout un nouvel univers dont Schoenberg et ses amis feront leur miel. Horenstein hier, Chailly aujourd’hui.

Ce modernisme naturaliste veut un orchestre virtuose, Riccardo Chailly l’a ici, et dans des couleurs, des alliages très différents de ceux du Concertgebouw : entre le très sombre et le très clair, et toujours dans une sorte de légèreté, des transparences, une lumière immanente.

Le Scherzo est une ivresse, la « marche funèbre » une vignette pleine de caractère et le Finale jupitérien, élancé, plus solaire que martial, montre à quel point Chailly a repensé son Mahler. D’ailleurs, il explique tout cela dans un éclairant entretien en complément du concert. Indispensable.

LE DISQUE DU JOUR

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 1, “Titan”

Gewandhausorchester Leipzig
Riccardo Chailly, direction

Un DVD/Blu-Ray du label Accentus ACC20335
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Photo à la une : © Gert Mothes/Decca