Dies Irae

Aussi étrange que cela puisse paraître, Mariss Jansons n’avait jamais enregistré Les Cloches. C’est chose faite, on est évidement en concert, à la Herkulessaal, en janvier 2016.

Lecture plus minérale que poétique, plus littéraire que sensuelle, en quelque sorte le revers absolu des folies expressionnistes d’un Kondrachine ou d’un Svetlanov (son œuvre favorite, qu’il reprit à la toute fin de sa vie, trouvez le concert à Londres paru chez BBC Classics), ce qui se fait entendre dès le premier poème, magnifique d’orchestre, mais prudent de tempo, avec un chœur quasiment trop musical. Et quelle étrange lenteur dans le Presto, mais qui produit un crescendo apocalyptique saisissant. Grand moment, l’immense Lento lugubre où le baryton amer d’Alexey Markov semble distiller du poison.

Parions que Mariss Jansons reviendra aux Cloches (peut-être avec le Concertgebouw, qui sait y être magique), il me semble qu’il n’a pas encore tout à fait abouti sa vision, alors que pour les Danses symphoniques, c’est merveille, l’orchestre s’y surpasse, l’œuvre se réinscrit dans les paysages d’une Russie fantasmée depuis l’exil américain : la vivacité du geste, l’élan de l’ensemble vous emportent sans coup férir, et lorsque le Dies Irae résonne, quel appel !

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Les Cloches, Op. 35
Danses symphoniques, Op. 43

Tatiana Pavlovskaya, soprano
Oleg Dolgov, tenor
Alexey Markov, baryton-basse
Chor und Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Mariss Jansons, direction

Un album du label BR-Klassik 900154
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Photo à la une : © DR