Mystère Debussy

Voici peu, Hypérion offrait à Steven Osborne quasi le même programme (voir ici), disque opulent où le pianiste anglais osait un Debussy fils des Fauvistes plutôt que des Impressionnistes.

À son envers total, Stephen Hough, de son clavier ductile, nous fait son Debussy sur les pointes des timbres, danseur subtil qui dans les Images, dans les magiques Estampes suggère, ne souligne rien, laisse émaner ces mystères sonores avec une grâce, une élégance, quelque chose d’absolument mélancolique qui culmine en un Children’s Corner désarmant de pudeur, si légèrement effleuré qu’il n’est que rêve : écoutez seulement comment la neige danse sous ses doigts.

À force d’entendre le piano de Debussy comme un manifeste du modernisme, on en aura aiguisé les angles, et épaissi les couleurs, tout ici retrouve le secret de cette langue qui se souvient plus de Couperin que de Rameau (même dans l’Hommage au dernier) : l’art de la suggestion. Si bien que le disque refermé (par une Isle joyeuse qui capture les vibrations d’un soleil marin), je me prends à rêver de ce que ce piano impondérable ferait des Préludes.

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
Estampes, L. 108
Images – Livre I, L. 105
Images – Livre II, L. 120
Children’s Corner, L. 119
La plus que lente, L. 128
L’Isle joyeuse, L. 109

Stephen Hough, piano

Un album du label Hypérion CDA68139
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Photo à la une : © Sim Canetty-Clarke