Solaire

Quel miracle que la musique de chambre de Joseph Jongen, cet air, ces diaprures, ces soieries de musique, cette imagination dans l’usage des instruments pour en tirer des teintes, des sons si inédits si heureux de se marier, ces symphonies de parfums qui tournent sous un grand soleil !

Prenez le Concert à cinq (flûte, alto, violon, violoncelle et harpe) et écoutez un peu avec quelle maestria, quelle invention poétique tout cela est composé pour vous mener vers une sorte d’ivresse du plaisir d’entendre. L’interprétation si mobile qu’en offrent les musiciens d’Oxalys montre tout du génie qui inspira à Jongen les partitions magiques composées tout au long de l’entre-deux-guerres et surtout durant les années vingt.

Les œuvres assemblées ici appartiennent à cette décennie, la grande Rhapsodie Op. 70 (quasi vingt minutes), où le Faune de Debussy aurait pris un cor et non une flûte, ouvre l’album, pièce majeure, aux alliages de timbres écrits pour surprendre et dont les beautés, enveloppées par le piano de Jean-Claude Vanden Eynden, sont inépuisables, jusque dans le ton de fantaisie orientale qui paraît ça et là.

La Danse lente fait des mystères mêlant flûte et harpe, les Deux Pièces en trio dont l’Assez lent commence comme Le Petit Poucet de Ravel sont deux poèmes pour rêver puis danser, magiquement joués ici.

Musiques solaires, d’un temps heureux où une autre guerre ne semblait plus possible, musiques libres, jouées avec un brio, des subtilités, qui leur rendent pleinement justice.

LE DISQUE DU JOUR

Joseph Jongen (1873-1953)
Rhapsodie pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor, Op. 20
Concert à cinq pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe, Op. 71
Danse lente pour flûte et harpe, Op. 56bis
2 Pièces en trio, Op. 80

Oxalys

Un album du label Passacaille 1022
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Photo à la une : © DR