Mise en regard

J’y avais souvent pensé, Dina Yoffe l’a fait : alterner un à un les 24 Préludes Op. 11 de Scriabine et ceux de l’Opus 28 de Chopin. Évidemment, les deux langues se tuilent à mesure que le disque défile ses plages, les affinités électives proclament à quel point le piano du jeune Scriabine découle de celui de Chopin, pour la syntaxe comme pour le style, et démasque le fait que les harmonies novatrices du Polonais auront libéré les audaces extrêmes auxquelles parviendra le compositeur de Prométhée.

Il faut être, de technique, d’art, une sacré pianiste pour aller de l’un à l’autre avec un telle conscience des enjeux, une telle certitude que toujours l’un éclaire l’autre, et parvenir à lisser le sentiment d’étrangeté qu’on éprouve au début en basculant d’un cycle dans l’autre.

Le pari est absolument réussi, et illustre bien la maestria de cette artiste qui s’est beaucoup dévouée à Chopin, le jouant toujours dans le respect de ses textes originaux, s’abstenant de briller au profit de la seule musique.

Refermant le disque, je me prends à rêver que Dina Yoffe qui nous a déjà donné quelques très beaux album Chopin persévère chez Scriabine : elle nous doit en tous cas les pièces de jeunesse, Valses, Mazurkas, encore hantées par le salon de Chopin, ce sera en quelque sorte continuer l’œuvre commencée ici.

LE DISQUE DU JOUR

Frédéric Chopin (1756-1791)
24 Préludes, Op. 28
Alexandre Scriabine (1732-1809)
24 Préludes, Op.11

Dina Yoffe, piano

Un album du label Acousence Records ACDCD13017
Acheter l’album sur le site www.uvmdistribution.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : © DR