Lenski chante Dvořák

Ténor Mozart absolu, chez lui chez Schubert comme plus aucun ténor n’y fut depuis Wunderlich et Haefliger, voici que Pavol Breslik nous offre un plein album de mélodies de Dvořák, revenant à sa langue natale.

Album magique, qui s’ouvre avec le second enregistrement – Marcus Ullmann l’a précédé de peu (2014) gravant la première mondiale chez Hänssler – de la version originale des Cyprès. Le cycle de poèmes de Gustav Pfleger-Moravský est une merveille que le compositeur de Rusalka a mis en musique avec une dévotion poétique inouïe, l’œuvre est d’une beauté insensée, du tout grand Dvořák, surtout chantée avec ce timbre de miel, ces aigus filés, cette voix qui se suspend sur les paysages du piano conteur de Robert Pechanec.

Écoutez seulement le cinquième Lied. On tient là un des tous grands cycles de mélodies du romantisme tardif et dans une interprétation probablement définitive. Cet état de grâce se poursuit dans les Chants du soir, Pavol Breslik parant sa voix de teintes plus sombres, médium véhément qui capture l’inquiète poésie de Vítězslav Hálek, ligne admirable dans sa tension, dans ses élans.

Puis viennent les biens plus courus Chants tziganes, propriété habituellement des voix féminines. Pourtant Philip Langridge en avait gravé une magnifique version – disque Forlane devenu rare où il donnait aussi Le Journal d’un disparu de Janáček – aujourd’hui, Pavol Breslik lui succède avec un panache fou et une poésie désarmante. Quelle présence, comme la voix se lance et rebondit, danse la mélodie !

Magique simplement, conclusion parfaite d’un disque en or, indispensable à toute discothèque Dvořák. Et maintenant, si Pavol Breslik tentait Le Journal d’un disparu et quelques mélodies de Janáček ?

LE DISQUE DU JOUR

Antonín Dvořák (1841-1904)
Cyprès, B. 11
Chants du soir, Op. 31, B. 31
Chants tziganes, Op. 55, B. 104

Pavol Breslik, ténor
Robert Pechanec, piano

Un album du label SU-42152
Acheter l’album sur le site du label Supraphon Records, sur le site www.clicmusique.com, ou sur Amazon.fr – Télécharger ou écouter l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : © Neda Navaee