En demi-teinte

Il y a des disques dont j’espère trop, péché mortel que la convoitise ! Voici que s’annonçait tout un disque Schumann selon Severin von Eckardstein, de plus au programme parfaitement cohérent : les trois cycles de Fantaisies.

Mais voilà, l’ouvrir justement par le triptyque de l’Opus 111Schumann cherche plus qu’il ne trouve déroute pour commencer, autant d’ailleurs qu’un piano mat, chiche en harmoniques et enregistré plat. Cela fait d’entrée deux, sinon trois bémols. De l’Opus 111, Eckardstein ne tire rien, ne dit rien, jouant sa grisaille dans une sorte d’absence, comme s’il n’était pas vraiment là, ce qui lui arrive parfois au disque, jamais en concert.

Mais évidemment, dès que résonne Des Abends, lorsqu’il murmure et nous prend par la main pour nous conduire dans le monde nocturne des Fantasiestücke Op. 12, alors le miracle opère, j’oublie ce piano neutre de timbres pour ne plus écouter que la science harmonique de ce conteur imparable. Quel art mon Dieu, et masqué par tant de pudeur. Pour conclure l’album, la Grande Fantaisie sera de bout en bout une étreinte, même si on la sent parfois bridée, loin du déploiement lyrique qu’Eckardstein lui donne toujours au concert.

En cela ce disque imparfait témoigne à demi de son génie, tristesse car justement il est aujourd’hui l’un des rares à pouvoir comprendre et transmettre le mystère musical de Robert Schumann.

LE DISQUE DU JOUR

Robert Schumann (1810-1856)
3 Fantasiestücke, Op. 111
Fantasiestücke, Op. 12
Fantasie en ut majeur, Op. 17

Severin von Eckardstein, piano

Un album du label AVI-Music 8553366
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Photo à la une : © Shane Shu Michel Cupido