Marjatta

Aino Ackté avait commandé à Sibelius une « cantate » inspirée du Kalevala. En 1913, il lui offrait un de ses opus les plus radicaux : Luonnotar. A la veille de la seconde guerre mondiale, Erkki Melartin répondra à la même sollicitation, mettant en musique un des épisodes ultimes du Kalevala, qui narre dans un poème aux accents mythologiques l’avènement du christianisme en Finlande.

Melartin comme Sibelius adopte un style recitativo, modelant le chant sur la poésie, l’habillant d’un orchestre-monde où la clarinette imite le coucou, et c’est bien cet orchestre qui avant même la voix captive l’oreille. Quel magicien ce Melartin, orchestrateur inventif qui dispose des couleurs avec un art savant dont toute la cantate se trouve transportée. Soile Isokoski est y magnifique comme toujours, Hannu Lintu bien plus libre que dans ses récents Sibelius.

Le ballet La Perle bleue montre une fois encore l’habileté de l’orchestrateur, mais cède le pas devant l’admirable Traumgesicht, inspiré par Le Songe d’une matinée de printemps de Gabriele D’Annunzio, partition foisonnante qui se coule dans la veine des premiers opus de la Seconde École de Vienne. Comment ne pas songer au Sommerwind de Webern, au Pelleas und Melisande de Schoenberg, à la Seejungfrau de Zemlinsky surtout : la preuve que Melartin visait dans les années dix à devenir une figure majeure du grand concert de la modernité.

LE DISQUE DU JOUR

cover-ondine-melartin-lintuErkki Melartin (1875-1937)
Marjatta, Op. 79
Traumsgesicht, Op. 70
La Perle bleue, musique
de ballet, Op. 160

Soile Isokoski, soprano
Orchestre Symphonique de la Radio Nationale Finlandaise
Hannu Lintu, direction

Un album du label Ondine ODE 1283-2
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Photo à la une : Jalmari Finne et Erkki Melartin, en 1890 – Photo : (c) DR