Vers la lumière

J’ai toujours douté du génie de Christian Thielemann, sa direction empesée massacre à mes oreilles Beethoven ou Brahms, et ne trouve que par éclipse les chemins de Wagner ou de Richard Strauss. Avec pourtant une exception : Anton Bruckner.

Exception confirmée par la publication de ce concert donné le 2 septembre 2012. Cette Septième Symphonie ample mais sostenuto ne fera pas mentir ceux qui voient dans son art un prolongement lointain d’une certaine tradition germanique que Wilhelm Furtwängler aura si violemment secouée durant l’entre-deux guerres. Le tempo est certes ample, le son comme toujours chez Thielemann lissé, les temps de résonances respectés pour tout faire entendre des tuilages de la polyphonie. Un orchestre ? Un orgue, auquel justement manquent cette science des attaques et des crescendos qui faisait le génie de Furtwängler.

Mais le résultat sonore est somptueux, d’autant que Thielemann n’a qu’à s’appuyer sur la sombre clarté de la Staatskapelle de Dresde, décidément chez elle dans cette musique depuis l’intégrale légendaire qu’elle en signa sous la baguette d’Eugen Jochum pour Electrola.

Dommage!, le Finale s’effondre : la faute au chef, qui le distend et le morcelle. Mais malgré cela une lumière émane, comme dans le rare Das Liebesmahl der Apostel de Wagner, donné le 18 mai 2013 à la Frauenkirche de Dresde, où Thielemann privilégie autant le récit que la spiritualité. Bien vu, supérieur à l’enregistrement de Pierre Boulez, mais pas à celui plus alerte, de Wynn Morris.

LE DISQUE DU JOUR

cover bruckner 7 thielemannAnton Bruckner (1824-1896)
Symphonie No. 7 en mi majeur, WAB 107
Richard Wagner (1813-1883)
Das Liebesmahl der Apostel, WWW 69

Staatskapelle Dresden
Christian Thielemann, direction

Un album de 2 CD du label Profil PH15013 (Edition Staatskapelle Dresden)
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Photo à la une : © DR