Dvořák d’Outre-Atlantique

Juillet 1995 : Helmut Rilling enregistre le Stabat Mater de Dvořák dans le Silvia Concert Hall d’Eugen, ville de l’Oregon où il présidait alors aux destinés d’un Festival Bach. Et c’est merveille : tempos amples, chœurs subtils, orchestre lumineux dans une œuvre pourtant si sombre, qui vont très loin dans cette partition si lyrique, lui retire ses aspérités pour la parer d’un ton quasiment mozartien.

Je n’y retrouve pas le ton pathétique si prégnant qu’y distillait jadis Rafael Kubelik dans ce qui demeure un de ses enregistrements majeurs, mais une lecture sensible, subtile, où la déploration passerait inaperçue s’il n’y avait cette tension constante en arrière plan, comme une mise en abîme discrète mais têtue. Le chœur, étonnant de présence, y est pour beaucoup.

Depuis sa si discutée intégrale des Cantates de Bach qui dispose pourtant de solistes éblouissants, Helmut Rilling a étendu son répertoire à toute la musique sacrée, de Mozart au War Requiem de Benjamin Britten dont il a signé une stupéfiante version.

Cette incursion chez Dvořák, animée par un quatuor finement apparié où rayonne le baryton-basse de Thomas Quasthoff, n’a pas eu de suites dans son catalogue. Pourtant l’eau noire du Requiem y aurait trouvé une lumière salvatrice.

Demain peut-être.

LE DISQUE DU JOUR

cover dvorak stabat rillingAntonín Dvořák (1841-1904)
Stabat Mater

Marina Shaguch, soprano
Ingeborg Danz, contralto
James Taylor, ténor
Thomas Quasthoff, basse
Oregon Bach Festival Chorus and Orchestra (Choeur et Orchestre du Festival Bach de l’Oregon)
Helmut Rilling, direction

Un album de 2 CD du label Hänssler Classic 098006
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Photo à la une : © Holger Schneider