Paradis de poche

En 1921, une année avant que les concerts de la Verein für Musikalische Privatauffürhungen fondée par Arnold Schönberg et Alban Berg ne cessent sous la pression de la crise économique, Erwin Stein réduisit la Quatrième Symphonie de Gustav Mahler pour quatorze instruments, assortissant le petit ensemble aussi bien au grand crescendo métaphysique du Ruhevoll qu’au récit sensuel de la soprano durant le Lied final.

Translation parfaite de la philharmonie au salon, où l’esprit viennois de cette partition agreste se trouve exaltée et qui a connu ces dernières années pléthore de versions au disque. Mais voici enfin la bonne : la subtile entente qui réunit Christian Tetzlaff et ses amis se gardent bien de vouloir retranscrire l’effet à grand orchestre de l’original. Le bonheur d’une vraie séance de musique de chambre irradie ici, décidément contagieux : écoutez simplement la clarinette joueuse de Sharon Kam aux premières mesures du Scherzo !

Et en musiciens consommés, les amis jouent dans le style propre aux transcriptions de Schönberg et de ses élèves, n’interprétant pas le texte autrement que par le respect des notes : tout est en place, et pourtant tout vibre comme dans un grand soleil d’été.

Christiane Oelze peut bien paraître pour le Lied final, sans apprêts, avec ses aigus d’enfant qui se souviennent de ceux d’Irmgard Seefried : un paysage parfait l’attend depuis le début de la symphonie. Et en plus c’est enregistré sur le vif.

LE DISQUE DU JOUR

cover mahler 4 cavi-music
Gustav Mahler
(1860-1911)
Symphonie No. 4
(arr. pour soprano et 14 instruments : Erwin Stein)

Christiane Oelze, soprano
Festival Ensemble Spannungen


Un album du label CAVI-Music 8553334

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Photo à la une : (c) DR