Archives par mot-clé : Kurt Sanderling

Mythique

Impossible de ne pas s’en apercevoir. Kurt Sanderling et Peter Rösel, entrant dans la Christuskirche en 1978 pour enregistrer le Troisième Concerto, prélude à ce qui allait devenir une intégrale de l’œuvre pour piano et orchestre de l’auteur des Cloches, avaient dans l’oreille l’enregistrement du compositeur, mêmes tempos, mêmes phrasés Continuer la lecture de Mythique

En marge

Avril 1980, Kurt Sanderling fait tonner la tempête qui ouvre le Premier Concerto : un maelström nordique risquerait d’emporter le soliste, mais Martino Tirimo impose son tempo et son chant, grand piano admirablement timbré. Continuer la lecture de En marge

Le maître des solistes

Radio de Moscou, 8 Octobre 1956, Maria Yudina sculpte le Concerto en ré mineur de Bach d’un ciseau puissant. Le document fut toujours rare, édité un temps sous un improbable label aux Etats-Unis, mais c’est un coup de génie auquel Kurt Sanderling accorde Continuer la lecture de Le maître des solistes

Danse avec la mort

7 décembre 1987, Laiezhalle, Hambourg, Kurt Sanderling, soixante-quinze ans, revient à la 9e Symphonie de Gustav Mahler. Georges Sebastian, dont il fut l’assistant à la Radio de Moscou, lui avait fait découvrir cette œuvre dans une partition annotée par Bruno Walter : il n’était alors pas question de diriger Mahler en U.R.S.S., Staline se serait étouffé, Sanderling ne le fera d’ailleurs qu’une fois installé à Berlin-Est, gravant plus tardivement encore les trois opus ultimes : sa version du Chant de la Terre, avec l’immense Birgit Finnilä, est aussi peu connue que mémorable, sa lecture objective de la 10e Symphonie fascinait Rudolf Barshaï, son premier enregistrement de la 9e Symphonie au disque, si distant, déconcertait. Il allait plus loin dans l’œuvre à la BBC en concert, alors qu’y revenant au studio avec le Philharmonia, l’épure s’imposait trop.

La publication assez inespérée de ce concert hambourgeois montre à quel point la logique de sa direction l’éloigne justement du geste lyrique de Bruno Walter : cet orchestre minéral fait plutôt songer à celui qu’y déployait Klemperer, alors que la maîtrise de la forme, la compréhension immédiate des arcanes du texte ne se retrouve selon moi que chez Michael Gielen.

En 1987, au sommet de son art, tout semble évident dans cette musique pour Sanderling, le geste est fulgurant, le pathos disparaît derrière le feu roulant d’un orchestre impérieux, conquérant, où déjà s’immiscent les paysages stupéfiants de la 10e Symphonie. C’est la musique de l’avenir qui se déroule dans le fugato de la flûte et du cor, et dans toute le vaste Adagio, porte ouverte sur un cosmos silencieux qu’Abbado lui aussi trouvera. Mais les deux scherzos sont à l’opposé, univers noirs, fermés, acides, persiffleurs, le chef danse avec sa mort, lui tient la dragée haute, combat terrible que Mahler n’aurait pas pu imaginer entendre à ce degré de réalisme sonore.

Oui, Sanderling fut un génie, et sa rencontre avec cette symphonie ce soir-là à Hambourg, un moment historique.

LE DISQUE DU JOUR

cover mahler 9 sanderling ndr profilGustav Mahler (1860-1911)
Symphonie No. 9

NDR-Sinfonieorchester
Kurt Sanderling, direction

Un album du label Hänssler/Profil PH17007
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Photo à la une : © DR