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L’autre Espagne

Javier Perianes, si versé dans les compositeurs de sa nation, aura fait mentir ce tropisme naturel par d’admirables Schubert, un Concerto de Grieg pas assez remarqué, mais cette fois, il revient dans un autre « chez lui ».

Son bouquet de Sonates de Scarlatti est inondé de ce soleil qui hier « patinait » le clavier de ses Goyescas, les tableaux sont vivants au possible, mais peints et d’une touche plus pastel qu’huile, sans que les caractères en soient ôtés.

Les fandangos, les sévillanes transparaissent au travers des acciacaturas, et lorsque les danses s’absentent toute une Arcadie étend ses paysages dans ce piano qui ignore le clavecin pour mieux en restituer la volatilité et le mordant.

Fabuleux de doigts évidemment, et sans le souci de démontrer, en cela pas si loin des évocations qu’y osa Christian Zacharias, si soucieux de la palette au point d’y inviter un orchestre imaginé, fabuleux aussi par un splendide Steinway que Dirk Fischer a capté avec autant de présence que de justesse dans l’acoustique de la Leibniz Saal de Hanovre, de quoi espérer un autre florilège !

LE DISQUE DU JOUR

Domenico Scarlatti (1685-1757)
Sonate en ré majeur, K. 491
Sonate en ré mineur, K. 141
Sonate en fa mineur, K. 185
Sonate en ré majeur, K. 492
Sonate en fa mineur, K. 238
Sonate en mi bémol majeur, K. 193
Sonate en si bémol mineur, K. 128
Sonate en fa mineur, K. 466
Sonate en sol majeur, K. 125
Sonate en mi mineur, K. 263
Sonate en fa mineur, K. 386
Sonate en fa mineur, K. 462
Sonate en mi majeur, K. 380
Sonate en fa dièse mineur, K. 447
Sonate en fa dièse mineur, K. 448

Javier Perianes, piano

Un album du label harmonia mundi HMM902768
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Photo à la une : le pianiste Javier Perianes – Photo : © DR

Jeune Prince

Un premier album monographique, dédié aux Lieder de Richard Strauss, n’avait pas suffi à lui faire un nom. Ténor annonçait la pochette, mais le timbre si sombre ne le laissait accroire qu’à ceux qui avaient en mémoire l’Otello de Ramon Vinay.

Pourtant ténor il était, de placement absolument, et même de vocalité, et chez lui absolument chez Strauss, le lied resterait un des fleurons de son art, une Schöne Müllerin transformée en drame le prouve ici, version géniale qui en froissa plus d’un, mais ce sera l’opéra qui lui fera un nom, d’abord, il faut l’avouer par sa prestance physique autant que par la puissance stylée de son chant.

Abbado l’accompagnait de Mozart à Wagner en passant par Beethoven et Schubert pour un premier récital lyrique immaculé, où ne manque que le Max du Freischütz (il viendra), deux ans plus tard Antonio Pappano le menait quasi sauf au travers des écueils du vérisme, lui mettant dans le gosier des raretés signées Zandonai, Cilea, Ponchielli (I Lituani) !, et même l’air d’Osaka dans Iris, mais ce sont d’abord plus que Marcello, attendu, le Cielo e mar d’Enzo Grimaldo et un sidérant Vesti la Giuba, ou encore les bribes de Faust sous la plume de Boito qui sidèrent, tant de curiosité alliée à tant d’art qui se prolongeront pour des Airs romantiques où la ténor raffine encore son art.

Max enfin, Cavaradossi douloureusement caressé, inoubliable, un sublime Ruggero face à la Magda de Renée Fleming, le désespoir de Carlo après le départ d’Elisabetta, c’est la scène qui jaillit de la platine au longs d’un disque qui veut saisir tous ses rôles, et lorsque Werther paraît la messe est dite : ce que Kaufmann apporte aux deux héros de Massenet, l’autre étant Des Grieux, mais aussi à Don José, reste simplement historique.

Sensiblement moins à mon sens ses rôles wagnériens où il est si naturellement chez lui au point que ses spécificités, timbre, diction, colonne de son, legato instrumental sont moins saillantes que sous d’autres cieux. Mais qui voudra bouder son Siegmund, qui voudra se passer de ses Wesendonck-Lieder ? Un second disque le laisse nous causer de « son » Wagner, et regretter les rôles straussiens qu’il n’aura pas enregistrés, où parfois même chantés en scène, Bacchus (du moins capté en vidéo), L’Empereur surtout !

Trois intégrales complètent le panorama, évidement son Florestan face à la Leonore de Nina Stemme pour Claudio Abbado, mais peut-être plus encore son Huon de Bordeaux pour Gardiner, et cette rareté consentie à Armin Jordan, ce fils du Roi dans le sombre conte d’Humperdinck.

Ajout ultime, le Requiem scaligère de Barenboim. Oui, vous admirerez le style parfait de son Ingemisco, mais ce sera l’incendie d’Anja Harteros, future partenaire de tant de soirées munichoises, qui lui volera la vedette !

LE DISQUE DU JOUR

Jonas Kaufmann, ténor
The Decca Recordings

CD 1
Œuvres de Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Franz Schubert, et Richard Wagner

CD 2
Verismo Arias

CD 3
Romantic Arias

CDs 4-5
Wagner Wesendonck-Lieder, Arias
Jonas Kaufmann discusses Wagner

CD 6
Schubert Die schöne Müllerin, Der Jüngling an der Quelle

CDs 7-8
Weber Oberon

CDs 9-10
Beethoven Fidelio

CDs 11-13
Humperdinck Königskinder

CDs 14-15
Verdi Messa Da Requiem

Un coffret de 15 CD du label Decca 4870033
Acheter l’album sur le site du label Deutsche Grammophon, sur le site www.jpc.de ou sur Amazon.fr

Photo à la une : le ténor Jonas Kaufmann –
Photo : © DR