Julie Fuchs s’amuse

Tout un récital de choses légères et délicieuses, voilà la carte de visite qu’adresse Julie Fuchs à ses aficionados qui sont à vrai dire déjà assez nombreux. Elle a bien raison, avec sa voix en petite trompette, et qui pétille, elle emporte avec brio l’esprit Extra Dry du Yes de Maurice Yvain Continuer la lecture de Julie Fuchs s’amuse

L’Ange de la mélancolie

Lorsque Pierre Boulez enregistra le Concerto « à la mémoire d’un ange », un des fleurons de sa vaste anthologie des œuvres majeures de la Seconde École de Vienne, lecture claire et pourtant tendue, où s’exposaient les cruautés sonores Continuer la lecture de L’Ange de la mélancolie

Ultima Verba

Graz, la nouvelle édition du Festival Styriarte bat son plein, Nikolaus Harnoncourt et son Concentus Musicus poursuivent leur nouveau cycle Beethoven, osant la Missa Solemnis que le chef autrichien avait jusque-là dirigée avec des effectifs plus conséquents (si vous deviez choisir entre les deux versions qu’il avait gravées auparavant, préférez plutôt le DVD documentant un récent concert au Concertgebouw d’Amsterdam que la gravure discographique de 1992 pour Teldec).

Revenant à cette œuvre qui l’aura accompagné durant toute sa maturité, Harnoncourt ne semble plus certain de rien. Il se débarrasse naturellement de la tradition et tourne même le dos à une lecture stupéfiante qui le passionnait encore voici quatre ans à Amsterdam. Il cherche partout le rayonnement du verbe, suspend le temps musical pour le remplacer par des forêts de mots et de sons, expérimente des alliages de timbres surprenants entre le chœur et les instruments : comme si le nouveau monde sonore inouï entendu par Beethoven se composait juste là sous vos yeux. C’est plus d’une fois dérangeant, mais toujours pertinent, ce n’est pas une proposition, mais un questionnement où se résume en fait parfaitement l’éthique de son art.

N’entrera pas ici qui veut absolument entendre un chef-d’œuvre, mais celui incertain même de son rapport à cette musique y trouvera autant de questions que de réponses : la Missa solemnis devient enfin ce livre-monde, ouvert à l’infini. Cette expérience aura probablement été filmée, répétitions comprises, et les éditions du Festival Styriarte en proposera probablement un ultime double album de DVD comme elle l’a fait régulièrement pour les autres apparitions d’Harnoncourt à Graz. Il n’est d’ailleurs pas certain que cet ultima verba le soit : tous redonnaient la Missa à Salzbourg le 22 juillet (2015), les caméras de la télévision autrichiennes étaient là. Qui sait si le laboratoire de Graz aura alors réalisé pleinement ses promesses. Mais déjà ici, impossible de ne pas trembler de joie en écoutant le Dona nobis pacem.

LE DISQUE DU JOUR

cover beethoven solemnis harnoncourt sonyLudwig van Beethoven (1770-1827)
Missa solemnis, pour solistes, chœur et orchestre, Op. 123

Laura Aikin, soprano
Bernarda Fink, mezzo-soprano
Johannes Chum, ténor
Ruben Drole, baryton-basse
Arnold Schönberg Chor
Concentus Musicus Wien
Nikolaus Harnoncourt, direction

Un album du label Sony Classical 8985313592
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Photo à la une : © DR

Du style

Javier Negrin, quarante ans l’année prochaine, né aux Canaries, élève de Yonti Solomon au Royal College of Music, est un pianiste discret, trop discret. Avec un peu de retard j’écoute les deux albums qu’il a enregistrés pour le label nord-américain Odradek où il fait le grand écart entre Scriabine et le répertoire catalan, et à chaque fois, l’exactitude du style employé me saisit. Continuer la lecture de Du style