Tous les articles par Jean-Charles Hoffelé

Portrait complet ?

Luiza Borac aura beaucoup servi la cause d’Enesco, deux disques de Suites et de Sonates en témoignent. Cette sonorité pleine, cette technique impeccable qui lui permit de remplacer au pied levé Sviatoslav Richter en 1991 au Festival de Schleswig-Holstein, son sens des couleurs indiquaient une pianiste à suivre. Continuer la lecture de Portrait complet ?

Étrange et beau

C’est entendu, Steven Osborne a gravé la plus singulière intégrale du piano de Maurice Ravel parmi les dernières propositions de la discographie. Voilà qu’il la parachève avec les Concertos.

Son sol majeur en laissera plus d’un sur le bord du chemin Continuer la lecture de Étrange et beau

Années folles

Michael Rische avait assemblé sept partitions concertantes écrites pour le piano au long des années vingt, projets conçu pour la WDR et la Bayerische Rundfunk, édité fugitivement au début du XXIe siècle en deux CD chez Arte Nova.

Revoici cette anthologie qui m’avait fait découvrir quelques partitions iconoclastes comme la Jazz Symphony et le Premier Concerto de George Antheil Continuer la lecture de Années folles

Après Brahms

Formidable ensemble conçu par le Klavier-Festival Ruhr pour son édition 2016 : mettre Brahms en perspective avec deux génies de la génération suivante qu’il aura inspirés, Ferruccio Busoni et Max Reger.

Sur le papier, cela pouvait sembler quasiment aride Continuer la lecture de Après Brahms

Le chant du rossignol

Le piano français n’est pas avare de chefs-d’œuvre, et même dans sa marge, des compositeurs moins exposés que Ravel, Debussy ou Fauré, s’y sont montré inspirés. Le disque peu à peu les découvre, la cause semble entendue pour Séverac, pour Roger-Ducasse, pour Gabriel Dupont et pour Abel Decaux, elle le serait pour Pierné si Warner consentait à rééditer l’intégrale de Diane Andersen, merveille qui dort dans les tiroirs.

Et Reynaldo Hahn ? Si longtemps méprisé, le compositeur de Mozart aura écrit pour tous les genres avec le même bonheur. On ne savait plus rien de son piano jusqu’au jour où Earl Wild, dont la culture était pléthorique, exhuma Le Rossignol éperdu, l’enregistrant en 2001 pour son propre label Ivory Classics. Quelle révélation d’une portée poétique inouïe qui suffisait à inscrire Hahn parmi les maîtres du piano à l’orée du XXe siècle.

Depuis, Cristina Ariagno aura gravé tout l’œuvre de piano seul, acte pionnier qui demeure admirable même en face de la somme reprise et augmentée aujourd’hui de quatre inédits par Alessandro Deljavan.

Ma préférence va à l’intégrale du pianiste italien, il est si libre, si inventif, animant tout dans ces musiques de charmes, de demi-genre, de demi-lune, campant des paysages à la Watteau, imaginant des Orients apaisés et somptueux, « aquarellant » un Versailles onirique. Son Rossignol éperdu est à tomber, tellement tendre, tellement désarmant. Mais les Valses, l’admirable Sonatine, les géniaux Portraits de peintres qui sont du Proust en musique, tout ce qui en dehors du Rossignol élargit encore vers l’intime ce chant désarmant qui fait pleurer, comme il les entend et comme il les donne à entendre !

Somme fabuleuse, œuvre d’un pianiste-poète qui est l’un des tous grands de sa génération, immanquable, essentiel et de plus très bien enregistré ici.

LE DISQUE DU JOUR

Reynaldo Hahn (1874-1947)
L’œuvre intégrale pour piano à deux mains
Le Rossignol éperdu
Juvenilia
Les Impressions
Pièces d’amour
Au clair de lune
Portraits de peintres
Valses
Sonatine
Etc.

Alessandro Deljavan, piano

Un coffret de 4 CD du label Aevea Classics 15004-07
Acheter l’album sur le site www.ledisquaire.com ou Amazon.fr

Photo à la une : © DR