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Les Indes brillantes

Le plus célèbre des opéras de Rameau depuis qu’il sera revenu dans l’opulent habillage de Büsser sur la scène de Garnier en 1952 ? L’ouvrage fit en tous cas la légende du Dijonnais pour un public Continuer la lecture de Les Indes brillantes

Le Soleil Noir du Grand Siècle

Olivier Schneebeli revient à son cher De Lalande dans les lieux mêmes où il avait honoré trois de ses grands motets : la Chapelle Royale du Château de Versailles. On était en octobre 2001, Jean-Claude Magloire lui avait prêté La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Howard Crook y déployait son expressif haute-contre.

Seize ans plus tard, il ajoute aux motets (Beati quorum remissa sunt, Quam dilecta, Audite celi que loquor) enregistrés alors pour Virgin par les micros de Radio France trois chefs-d’oeuvre : Venite exultemus Domino, De profundis et Dominus regnavit.

L’ampleur de l’orchestre lullyste saisit dans le De profundis que De Lalande retoucha après la mort de Louis XIV, Olivier Schneebeli y déployant une implorante pompe funèbre où Reinoud van Mechelen apporte la touche d’espoir de son haute-contre stylé auquel Les Pages répondent, moment magique : écoutez bien le petit théâtre d’A custodia matutina.

Les deux autres motets sont donnés dans leurs moutures originales qui exaltent les contrastes entre chaque verset, complexifient les rapports entre les solistes et le chœur, magnifient un discours flamboyant qui emplit tout le vaisseau de la Chapelle Royale pour laquelle ils furent écrits, et c’est peu dire qu’Olivier Schneebeli anime avec autant de poésie que d’intensité le théâtre spirituel qu’y déploie De Lalande.

Disque saisissant où l’on entend grâce aux micros de Frédéric Briant l’acoustique si singulière de la Chapelle, où rayonne le sombre soleil du Grand Siècle dans son exacte sonorité : ce sont les instruments même des Vingt-Quatre Violons du Roi de Lully qui sont joués ici, raison de plus pour qu’Olivier Schneebeli persiste à enregistrer les autres motets de ce génie du genre.

LE DISQUE DU JOUR


Michel-Richard de Lalande (1657-1726)
Venite exultemus Domino, S. 58
De profundis, S. 23
Dominus regnavit, S. 65

Chantal Santon-Jeffery, soprano
Reinoud Van Mechelen, haute-contre
François Joron, taille
Lisandro Abadie, basse-taille
Les Pages & les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Collegium Marianum
Olivier Schneebeli, direction

Un album du label Glossa GCD924301
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Photo à la une : Le chef Olivier Schneebeli – Photo : © CMBV

Théâtre de poche

Les cantates de Clérambault, ces vastes scènes d’opéra où un personnage s’interroge et se décrit, constituent l’apogée du genre, comment se fait-il qu’elles furent si peu enregistrées, et, sinon par l’album historique de Rachel Yakar (Médée, Orphée) si peu gâtée ?

Mais voici que dans son français historiquement informé, dans sa voix de miel et de feu, Reinoud van Mechelen console mes déceptions en gravant quatre cantates qu’il anime avec une pointe de génie : commencez par l’irrésistible portrait psychologique qui secoue Le jaloux, où il est formidable d’humour et de fureur, abandonnant la vocalité noble dont il paraît avec tant d’art son Apollon.

Pourtant, c’est dans le chef-d’œuvre de l’ensemble, Pyrame et Thisbé que sa voix trouve les accents les plus bouleversants ; quelle merveille, cette cantate !, où Clérambault, travaillant sur un sujet rebattu, écrit une véritable tragédie lyrique de poche dont la variété des sentiments inspire à Reinoud van Mechelen une palette expressive que le petit orchestre d’A Nocte Temporis paysage avec poésie.

Disque merveilleux, j’espère un second volume : les cantates de Clérambault ont trouvé leur oracle.

LE DISQUE DU JOUR

Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749)
Apollon, cantatte sur la paix (Livre III)
Le Jaloux, cantate IIe (Livre I)
L’amour, guéri par l’amour, cantatte Iere (Livre IV)
Pyrame et Thisbé, cantate IVe (Livre II)

Reinoud van Mechelen, ténor
A Nocte Temporis

Un album du label Alpha Classics ALPHA356
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Photo à la une : © Senne Van der Ven