Renaissance et mort

À quarante ans tout juste, retrouvant goût à la vie après des passes terribles, Mieczyslaw Weinberg (Wajnberg) écrivit à la suggestion de Rudolf Barchaï pour Alexander Korneiev un concerto mutin, enjoué, dont j’adorais – j’adore toujours – l’enregistrement qu’en ont laissé les créateurs.

Mais l’allégresse un peu plus légère, le tempo un peu plus enlevé, la petite note d’humour dans le giocoso et l’ombre à peine portée dans le Largo par Antonina Styczeń et la preste baguette de Wojciech Rajski, quelle merveille !

Le disque enferme tout ce que Weinberg aura composé pour la flûte, des délicieuses Miniatures qui font les ingénues, au Deuxième Concerto, ballade lyrique dont la poésie entre chien et loup, avec ses citations de la Badinerie de J. S. Bach et de la Ronde des esprits bienheureux de l’Orfeo de Gluck, ne vous quitte plus une fois que vous l’avez entendue.

Il me semble qu’Antonina Styczeń va plus loin dans cette œuvre de quasi magie noire que ne le faisait Kathryn Christians qui en a réalisé le seul autre enregistrement que j’en connaisse.

En postlude du disque, une merveille, le Trio pour flûte, alto et harpe que Weinberg écrivit en 1979, reprenant les trois instruments choisis par Debussy pour sa Sonate, voyage au pays des ombres, musique quasi spectrale qui n’évoque Claude de France qu’en ses ultimes mesures, centre de gravité sombre d’un album essentiel à tout amoureux de Weinberg.

LE DISQUE DU JOUR

Mieczyslaw Weinberg (1919-1996)
Concerto pour flûte et orchestre No. 1, Op. 75
Concerto pour flûte et orchestre No. 2, Op. 148
12 Miniatures pour flute et orchestre, Op. 29bis
Trio pour flute, alto et harpe, Op. 127

Antonina Styczeń, flûte
Polish Chamber Philharmonic Orchestra, Sopot
Wojciech Rajski, direction

Un album du label Tacet 232
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Photo à la une : La flûtiste polonaise Antonina Styczeń – Photo : © DR