Sombre clarté

Le plus français des Nééerlandais ? Ou le plus anglais ? La perfection des orchestrations d’Hendrik Andriessen surprend toujours, harmonie claire mais contrepoint tonnant, couleurs à profusion mais comme contenue dans une langue abrasive, rugueuse. Cette 4e Symphonie de 1954, son ultime, m’évoque les plus orageuses parmi celles écrites par Ralph Vaughan Williams, une densité du son en même temps qu’une lumière incessante, secret d’un art qui se dégagea de l’emprise sérielle pour affirmer une singularité que justement seuls les compositeurs anglais affichaient crânement après la Guerre.

Ce n’est pas la moindre des qualités de cette musique que David Porcelijn dirige large, tonnante, lui donnant tout son incroyable pouvoir de suggestion autant dans la Symphonie que dans les trois pièces de caractère qui complètent le disque. Le Libertas venit est une page de circonstance écrite pour le dixième anniversaire de la libération du Brabant, avec Dies Irae et fanfare, et couronnée par un Finale épique et solennel mais qui pourtant s’écoute sans faiblir ; la Canzone paraît anecdotique, brève page écrite en 1971 pour le ConcertgebouwAndriessen fêtait ses soixante-dix neuf ans ! – mais le Capriccio de 1941, vif, brillant, mordant, spirituel, véritable danse au bord du volcan qui semble défier les horreurs de la guerre, quelle œuvre étrange, parcourue de pointes de génie que croquent avec virtuosité David Porcelijn et ses musiciens.

Les Symphonies sont désormais enregistrées au complet et quasi toute l’œuvre d’orchestre, sinon les quatre Concertos, fruits tardifs mais splendides. Demain peut-être ?

LE DISQUE DU JOUR

Hendrik Andriessen (1892-1981)
Symphonie No. 4 (1954)
Libertas venit – Rhapsodie pour orchestre (1954)
Capriccio (1941)
Canzone (1971)

Netherlands Symphony Orchestra
David Porcelijn, direction

Un album du label CPO 777845-2
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Photo à la une : © DR