Gasteiner

Paul Badura-Skoda n’en finira certainement jamais de revenir à Schubert, et c’est tant mieux. Depuis quelques années, Genuin enregistre un nouveau cycle où le pianiste viennois joue des pianos modernes mais choisis.

Le grand Bösendorfer impérial< sur lequel il ose la terrible Gastein Sonate – une gigantesque symphonie pour clavier qui est toujours un défi physique pour les pianistes quel que soit leur âge – est un monument de sons. Que les doigts de Paul Badura-Skoda ne s’y impriment plus avec la même fluidité qu’avant n’a que peu d’importance : la souplesse n’a jamais été son propos, l’éloquence sans fard, l’expression plutôt que le style (contrairement à ce que l’on a toujours écrit), l’ardeur quitte à sacrifier aux périls, oui.

Ce qui nous vaut une Gastein d’un seul trait, jouée avec une familiarité et un aplomb évidents. C’est du piano domestique, Badura-Skoda joue pour lui quasiment chez lui, ce qui ne l’empêche pas de manier son clavier comme un orchestre, profitant des aigus de flûte et d’un médium d’alto.

Pour les somptueux Klavierstücke D. 946, un des cahiers les plus visionnaires qui ait coulé de la plume de Schubert, enfiévrés comme le Quartettsatz, le pianiste joue cette fois un Steinway : clavier plus égal, couleurs plus unies, une pédale un peu capricieuse, mais cette rumeur, ce jeu sans apprêts vont comme un gant au triptyque. Pourtant, s’il l’avait enregistré sur le Bösendorfer !

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano No. 17
en ré majeur, D. 850
« Gastein »

3 Klavierstücke, D. 946

Paul Badura-Skoda, piano

Un album du label Genuin GEN16425
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Photo à la une : © DR