Ravel Grand Teint

Il est des disques que j’oublie, qui disparaissent dans les méandres de la discothèque-monstre dans laquelle j’habite, mais finalement, je crois bien ne pas connaître cet album Ravel enregistré par Christoph von Dohnányi en 1989 (pour le Boléro) puis en 1991 avec ce qui était devenu depuis 1984 « son » Orchestre de Cleveland. Il est si resplendissant, si solaire que je m’en serais souvenu.

Alors, pariez vous aussi pour la découverte. Cleveland était encore ce rêve sonore aux flûtes adamantines et aux cordes célestes que Szell puis Boulez avaient façonné : un son vif, alerte, des harmonies en transparence, une balance naturelle entre les pupitres qui tous cherchent la lumière.

Cela va comme un gant à Ravel dont la Seconde Suite de Daphnis et Chloé – avec les chœurs ! – est d’une sensualité heureuse, subtilement modelée, ah oui vraiment un songe édénique. Cette merveille que Dohnányi dirige sur les pointes, j’en retrouve le ton élégant et léger dans La Valse, emportée sans furia, fluide, magique de sonorités éphémères, quelque chose d’immatériel s’y glisse que je ne trouve pas dans les autres versions. Son Alborada, cambrée, subtilement gainée, fera enrager ceux qui y veulent d’abord la charge, la satyre. C’est une Ibérie stylisée qui y donne la sérénade et j’enrage de ne pas avoir la Rapsodie espagnole par ce couple chef/orchestre que Ravel inspire tant.

Le Boléro, enregistré en amont, n’est pas de la même eau, ni de la même qualité sonore de réalisation instrumentale comme de prise de son : les méchants cuivres qui barrissent la coda font un hiatus avec le reste d’un disque du coup vraiment trop court mais diablement séduisant.

LE DISQUE DU JOUR

cover ravel dohnanyiMaurice Ravel (1875-1937)
Alborada del gracioso
La Valse
Daphnis et Chloé (Suite No. 2)
Boléro

The Cleveland Orchestra and Chorus
Christoph von Dohnányi, direction

Un album du label Warner Classics 0825646771936
Acheter l’album sur Amazon.fr

Photo à la une : © DR