Fantaisie noire

Ce disque est un manifeste. En l’ouvrant avec l’extraordinaire Fantaisie que Josef Suk composa en 1902 pour František Ondříček, Christian Tetzlaff et John Storgårds indiquent que le chef-d’œuvre de leur nouveau disque est bien cette partition incendiaire où le beau-fils de Dvořák aura résumé son génie en une vingtaine de minutes.

La puissance suggestive de cette partition atteint au niveau d’expressivité d’Asraël, ce que Christian Tetzlaff a bien compris : son archet y bataille avec une ardeur sidérante, il me fait oublier la lecture parfaite mais bien moins expressive de Josef Suk, le petit-fils du compositeur, l’un des rares violonistes à l’avoir défendue et enregistrée.

John Storgårds aurait-il trouvé ici son prochain compositeur de prédilection ? Dans la vêture sombre de ses musiciens du Philharmonique d’Helsinki, il sculpte des paysages sévères et somptueux, distille des éclairages rasants, met partout une telle poésie dans la veine populaire, une telle éloquence dans les figures dramatiques. Bravo !

Leur Concerto de Dvořák est de la même eau noire, un poème lyrique mais inquiet, d’une tenue, d’une concentration, d’une intensité auxquelles la Romance ajoute une touche automnale finement suggérée.

Très beau disque. Qui eut cru la Finlande aussi Bohème ?

LE DISQUE DU JOUR

cover tetzlaff suk dvorak ondineJosef Suk (1874-1935)
Fantaisie pour violon et orchestre en sol mineur, Op. 24
Antonín Dvořák (1841-1904)
Concerto pour violon en la min, Op. 53
Romance en fa mineur, Op. 11

Christian Tetzlaff, violon
Orchestre Philharmonique d’Helsinki
John Storgårds, direction

Un album du label Ondine ODE 1279-5
Acheter l’album sur le site du label Ondine ou sur Amazon.fr

Photo à la une : © DR