Le 17 septembre 2011, Kurt Sanderling s’éteignait à la veille de son 99e anniversaire. Une année plus tard, Mariss Jansons, qui vouait à l’homme une amitié aussi indéfectible que l’était son admiration envers l’artiste, dédiait à sa mémoire cette exécution d’Ein deutsches Requiem, sobre, intense, profonde.

On y entend l’un des secrets majeurs de l’art de Jansons : faire avec le nombre de l’intime. Hors Bernard Haitink, je ne connais aujourd’hui aucun chef qui sache manier les masses avec une telle tendresse, outre que l’évidence de ses conceptions musicales s’emploie toujours naturellement dans les grandes arches des oratorios ou des œuvres sacrées.

Ce Requiem allemand, porté par une ferveur sereine, n’y fait pas exception, jusque dans la proclamation de l’impuissance de la mort, chant rayonnant débarrassé de tout triomphe.

Cette lecture simple, presque droite, dont le véritable héros reste le Chœur de la Radio Néerlandaise que Michael Gläser a modelé avec un art certain depuis 2010, lui donnant une unité d’inflexion et des transparences de couleurs qui font de l’écriture de Brahms un vitrail, renouvelle l’interprétation de l’œuvre au fond bien plus que les réappropriations historiquement informées qui s’en seront emparées ces dernières années.

Angélique, rayonnante, Genia Kühmeier déploie son soprano ambré, alors que Gerald Finley se garde bien de charger sa ligne de chant, proclamant suppliques et révoltes en mot clairs.
Et refermant l’album, je réalise que Kurt Sanderling n’a jamais enregistré Ein deutsches Requiem. L’aurait-il dirigé comme cela ? Probablement.

LE DISQUE DU JOUR

Johannes Brahms (1833-1897)
Ein Deutsches Requiem, pour soprano, baryton, chœur et orchestre, Op. 45

Genia Kühmeier, soprano
Gerald Finley, baryton-basse
Chœur de la Radio néerlandaise
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Mariss Jansons, direction

Un album du label RCO Live 15003
Acheter l’album sur le site du label RCO Live ou sur Amazon.fr – Télécharger l’album en haute-définition sur Qobuz.com

Photo à la une : © DR