L’Archet droit

L’inconnu d’abord : Hänssler Classics publie un album János Starker ajoutant à son répertoire discographique trois « nouveaux » Concertos : celui d’Hindemith, la Symphonie concertante de Prokofiev, et le Premier concerto d’Einojuhani Rautavaara. Enregistrement des années soixante-dix : 1971 pour le Hindemith (dirigé avec un panache clouant par un inconnu, de moi en tous cas, Andreas von Lukacsy), 1975 pour le Prokofiev avec Ernest Bour et également pour le Rautavaara avec le jeune Herbert Blomstedt.

Si Starker avait gravé le Concerto que Prokofiev écrivit en 1934 avec le Philharmonia et Walter Süsskind pour Walter Legge, je ne savais pas qu’il avait touché à la Symphonie concertante, depuis sa création quasi-propriété de Mstislav Rostropovitch.

Dans l’habillage lumineux dont la revêt Ernest Bour, Starker alterne le feu et la glace, et tend les lignes. Quel diseur ! Le Rautavaara documente son goût des créations, sa curiosité insatiable envers les jeunes compositeurs, mais le clou de l’album reste le Hindemith, partition festive dont le Finale est d’un brio irrésistible et où Starker déploie cette virtuosité un rien sèche, ce jeu objectif que j’adore bien qu’il me laisse réservé. Album gagnant.

De son coté, Warner a réuni en un album de 10 CD reprenant un texte que j’avais écrit à l’occasion de la publication des « Introuvables », l’ensemble des gravures consenties à EMI – y ajoutant un récital de pièces brèves demeuré inédit depuis le microsillon, enregistré avec Gérald Moore en 1959 – mais également celles plus tardives – années soixante – pour Erato : les Sonates de Brahms et de Beethoven avec l’impeccable György Sebök.

J’admire toujours la leçon de style, l’élégance du jeu, l’absence de pathos, le sens du drive, de ce violoncelle presque sans grave, comme si Starker jouait d’un immense alto.

Mais les enceintes éteintes, je ne peux me déprendre d’une sensation de manque : Pierre Fournier chantait plus. On ne se refait pas.

LE DISQUE DU JOUR

cover starker live hännslerPaul Hindemith (1895-1963)
Concerto pour violoncelle et orchestre
Sergei Prokofiev (1891-1953)
Symphonie-Concertante
en mi mineur, Op. 125

Einojuhani Rautavaara
(né en 1928)
Concerto pour violoncelle

János Starker, violoncelle
Radio-Sinfonieorchester Stuttgart
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg
Andreas von Lukácsy, Ernest Bour, Herbert Blomstedt, direction
Un album du label Hänssler Classics 94.227

cover janos starker warner
János Starker

The Warner Legacy
(HMV & Erato recordings)

Œuvres de J. S. Bach, Beethoven, Boccherini, Brahms, Dvořák, Haydn, Kodály, Milhaud, Prokofiev

János Starker, violoncelle

Un coffret de 10 CD du label Warner 0825646341252 (Collection « Icon »)

Photo à la une : (c) DR