Les Juilliard avaient fait leur première apparition salzbourgeoise en 1955, imposant d’emblée leur type de programme favori, mariant les « deux Vienne », faisant voisiner Schönberg, Haydn et Beethoven. Cinq ans plus tard Ravel et Bartók élargissaient la focale, et six ans encore après, Bartók toujours était le nœud gordien impossible à trancher au centre d’un programme dont le plus bel élément n’est pas celui que l’on pourrait croire.
Leur « Hoffmeister » musarde un rien trop, si loin de leur gravure CBS, comme une concession à une certaine Gemütlichkeit, le 3e de Bartók n’aura pas le ton radical qu’une fois encore ils y mirent pour le studio d’enregistrement.
Non, la surprise viendra d’une version désarmante de lyrisme du 11e Quatuor d’Antonín Dvořák où je ne les attendais pas vraiment. Le fini de la réalisation, la clarté du jeu des quatre archets mariés, la vivacité et l’élégance, la légère nostalgie qui dore le tout portent un éclairage nouveau sur ce quatuor qu’on aura cru trop uniment sévère, comme si soudain le plaisir de chanter les enivrer.
En cela, ce concert bien capté est précieux.
LE DISQUE DU JOUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor à cordes No. 20
en ré majeur, K. 499 « Hoffmeister »
Béla Bartók (1881-1945)
Quatuor à cordes No. 3,
Sz. 85, BB 93
Antonín Dvořák (1841-1904)
Quatuor à cordes No. 11
en ut majeur, Op. 61, B. 121
Juilliard Quartet
Enregistré en concert le 30 juillet 1965
Un album du label Orfeo C927161B
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Photo à la une : les membres du Quatuor Juilliard – Photo : © DR