Maître du Madrigal

Incroyable, trois albums monographiques seulement, avec celui-ci !, il aura fallu attendre le XXIe siècle pour que le génie de Philippe Verdelot soit enfin accessibles à nos oreilles contemporaines. Je me souviens que jeune homme, mettant sur la platine le Madrigal History Tour des King’s Singers, j’écoutais en boucle Ultimi miei sospiri : impossible de trouver plus.

Ce Verdelot né Français était classé aux Italiens, et tout son art magnifique, ouvragé, plein de formules secrètement sensuelles, était bien Italien en effet. Willaert lui-même prit soin de ne pas laisser oublier l’héritage de ce madrigaliste fêté à Florence et à Rome, quel bonheur de le voir magnifié par le consort masculin des Profeti della Quinta qui aura invité pour ces vingt-deux perles le soprano expressif de Giovanna Baviera : intonation pénétrante, mots expressifs, clarté des entrelacs, c’est merveille d’un bout à l’autre de ce disque infiniment précieux où s’intercalent quelques pièces pour consort de violes, qui prolongent alors l’écho des voix.

Soudain, la poésie élégante et pourtant brûlante des contrepoints de Verdelot s’approche de celle des madrigaux ésotériques de Luzzasco Luzzaschi, c’est toute l’Italie de la Renaissance qui y flamboie, merveille qui augure peut-être d’une redécouverte plus complète : il reste quatre-vingt madrigaux à enregistrer, et quel ensemble aura la bonne idée de se pencher sur l’autre versant de cet œuvre essentielle, la part sacrée représentée par une soixantaine de motets tout aussi stupéfiants.

LE DISQUE DU JOUR

Philippe Verdelot
(1475-1552)
Se l’ardor foss’ equale
Se mai provasti donna
Gloriar mi poss’io donne
Igno soave
Io son tal volta (version instrumentale)
Divini occhi sereni
Trist’ Amarilli mia
Ognor per voi sospiro
Madonna, qual certezza
Madonna, per voi ardo
Se dimostrarvi a pieno (version instrumentale)
Si lieta e grata morte
Deh, perche si veloce
Quando Amor i belli occhi a terra inchina
Non vi fidate o simplicetti amanti
Con lagrime et sospir (version instrumentale)
Fuggi, fuggi, cor mio!
Con suave parlar con dolce accento
Passer mai solitario in alcun tetto
Ben che’l misero cor (version instrumentale)
La bella man mi porse Madonna
Gran dolor di mia vita

Profeti della Quinta
Elam Rotem, direction

Un album du label Pan Classics PC10422
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Photo à la une : © DR