Huit

La plus lyrique des Neuf ? Nicholas Angelich l’entend ainsi, d’ailleurs le dolce de l’Andante est déjà sognando, que viennent froisser quelques bourrasques qu’on croirait venues de chez Medtner, l’affirme tranquillement.

Prokofiev ? Son Prokofiev, lyrique, somptueux de son, mais aussi incapable soudain de faire paraître le métal singulier, or et acier, que Gilels y laissait éclater.

Manque ici la tension qui peut rendre la Huitième hypnotique. J’abandonne l’écoute, alors que je n’ai jamais suspendu le diamant de la platine au dessus du microsillon d’Emil Gilels. Trop lisse, Nicholas Angelich ? Dans le confort de son grand Steinway, ce serait peut-être l’écueil, mais l’artiste parle, tant l’ampleur du son, l’altitude du propos, imposent son discours… qui disparaît durant les Visions fugitives.

Ce piano sans nerfs et sans mystères glisse sur le cahier pour mieux ressusciter dans la brève sélection de Roméo et Juliette, chorégraphiée dans l’instrument, évoquant l’orchestre, coda d’un album déconcertant.

LE DISQUE DU JOUR

Sergei Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano No. 8 en si bemol majeur, Op. 84
Visions fugitives, Op. 22
10 Pièces de “Roméo et Juliette », Op. 75 (5 extraits : Nos. 2, 3, 4, 6, 10)

Nicholas Angelich, piano

Un album du label Erato 019029567681
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Photo à la une : le pianiste Nicholas Angelich – Photo : © DR