Portraits de femmes

Je me souviens encore de ma « première fois » avec Nathalie Stutzmann, les deux Berceuses de Brahms où son timbre sombre m’avait envoûté. Sombre mais féminin, comme celui de Kathleen Ferrier … inoubliable. Depuis elle aura fait plus que son chemin, diversifié son art jusqu’à la direction d’orchestre, et pas seulement celui d’un ensemble de musiciens historiquement informés : les Etats-Unis lui offrent une de leurs plus prestigieuses phalanges.

Alors, avant qu’elle fasse ce grand saut transatlantique, l’album qu’elle nous offre aujourd’hui est un baume de consolation.

Elle y parcourt les prima donnas de l’opera seria avec un plaisir ravageur (pour le seul orchestre, écoutez comment elle fait danser l’Ouverture d’Ariodante !), une profusion vocale enivrante (« Mia cor, che mi sai dir ? » de Rinaldo) et cette noblesse élégante du phrasé qui signe son art, où même les vocalises sont dans la ligne (« Di verde ullivo » du Tito Manlio de Vivaldi, le violoncelle d’Alice Coquart lui fait assaut, autre voix).

Ce magnifique tercet s’enchaîne, commencez par là pour saisir tous les charmes de ce disque opulent, qui dévoile pas moins de quatre airs enregistrés en première mondiale : écoutez seulement la merveille de l’album, « Caro Addio, dai labbro amato » de la Griselda de Bononcini. Comme Cecilia Bartoli, Nathalie Stutzmann sait partager les trésors oubliés.

LE DISQUE DU JOUR

Contralto

Airs de Georg Friedrich Haendel (Tamerlano, Ariodante, Rinaldo, Berenice, Arminio, Amadigi di Gaula, Sosarme), Nicola Porpora (Meride e Selinunte, Semiramide riconosciuta, Statira), Antonio Vivaldi (Tito Manlio, Farnace, Bajazet, L’incoronazione di Dario, Ginevra principessa di Scozia), Giovanni Bononcini (Griselda), Antonio Lotti (Alessandro Severo), Antonio Caldara (Euristeo), Francesco Gasparini (La fede tradita e vendicata)

Nathalie Stutzmann, contralto, direction
Orfeo 55

Un album du label Erato 19029520955
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Photo à la une : la contralto Nathalie Stutzmann – Photo : © DR