De la vie éternelle

On n’enregistre quasiment jamais – Claudia Barainsky et Peter Ruzicka en avaient laissé une belle version disparue avec le catalogue Koch SchwannVon ewigen Leben, le diptyque inspiré à un Franz Schreker parvenu au sommet de son art par la magistrale traduction des Leaves of Grass de Walt Whitman signée par Hans Reisinger.

Deux mélodies pour soprano et un grand orchestre envoûtant passant de la chambre au cosmos en un seul souffle, enrobant la voix de célesta, d’hautbois, de flûte, œuvre d’un raffinement inouï. La seconde mélodie double la durée de la première, irréelle, où la voix dit autant qu’elle chante. Valda Wilson y est merveilleuse de poésie, grand soprano pulpeux dont les teintes sensuelles se voilent de mystérieuses étoiles.

Sublime, à l’image d’un disque exceptionnel où Christopher Ward fait tonner les mondes mythiques de Memnon et d’Ekkehard, dévoile les haïkus modernistes des weberniennes Vier kleine Stücke, éclaire les sombres paysages de la Phantastiche Ouvertüre où le jeune Schreker dévoilait déjà la singularité de son univers.

Gageons qu’un album aussi parfait connaîtra une suite, le catalogue orchestral de l’auteur des Stigmatisés recèle encore bien des merveilles.

LE DISQUE DU JOUR

Franz Schreker (1878-1934)
Ekkehard, Op. 12
Vom ewigen Leben
Phantastische Ouverture
4 Kleine Stücke
Vorspiel zu einer großen Oper „Memnon“

Valda Wilson, soprano
Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz
Christopher Ward, direction

Un album du label Capriccio C5348
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Photo à la une : le compositeur Franz Schreker – Photo : © DR