Fiançailles

Karajan surveillait ce jeune Napolitain à la chevelure de geai depuis qu’il avait remporté le Concours Guido Cantelli. On donnerait pour l’édition 1971 de « son » Festival de Salzbourg, Don Pasquale, le Donizetti le plus couru à l’Opéra de Vienne, et ce serait Muti qui le dirigerait (à vrai dire, il n’est pas impossible qu’il l’ait programmé sciemment pour Muti).

Le chef d’orchestre Riccardo Muti – Photo : © Reg Wilson/Warner Classics

Dans la fosse du Festspielhaus, la rencontre du jeune Italien et des Wiener Philharmoniker fit des étincelles ; audiblement, ils se plurent si bien que l’année suivante on passa aux choses sérieuses avec un concert d’orchestre dont Orfeo publie une irrépressible Ouverture de Sémiramide où passe en effet le souvenir des impatiences de Guido Cantelli (ce feu dans les crescendos !), mais surtout un effervescent Concerto de Schumann, le plus beau, le plus libre que Sviatoslav Richter nous ait donné. L’accord avec le jeune Italien qui avait de quoi séduire son pianiste en dehors même de la seule musique est simplement miraculeux.

Riccardo Muti déploiera, on le sait, une vraie alchimie avec les Wiener Philharmoniker, dont Mozart sera à la fois l’objet et le sujet : la trilogie Da Ponte pour EMI attint à la perfection et en renouvela l’écoute, faisant trop oublier l’éloquente série des grandes symphonies qu’ils gravèrent ensemble pour Philips et qu’Universal serait bien inspiré de rééditer dans un petit coffret.

Ils n’ont pas enregistré ensemble la Symphonie concertante, mais heureusement elle figurait au programme du concert donné le 27 juillet 1974. L’élan et la grâce, les tempos dansés de l’Allegro et du Presto, l’élégie fluide, entendue comme en rêve de l’Andante, me font irrésistiblement penser à ce que Guido Cantelli faisait de son Mozart. Merveilles !, les échanges amoroso du violon Fiordiligi de Gerhart Hetzel avec le mezzo profond de l’alto Dorabella de Rudolf Streng tout au long de ce même Andante achèvent de faire de cette Concertante belle comme une sérénade un ajout majeur à la discographie de l’œuvre, comme à celle de Muti lui-même.

LE DISQUE DU JOUR

Gioacchino Rossini
(1792-1868)
Sémiramide – Ouverture
Robert Schumann
(1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en la mineur, Op. 54
Enregistré au Grosses Festspielhaus à Salzburg, le 17 août 1972

Wolfgang Amadeus Mozart (1797-1828)
Symphonie concertante en mi bémol majeur pour violon, alto et orchestre, K. 364
Enregistré au Kleines Festspielhaus à Salzburg, le 27 juillet 1974

Sviatoslav Richter, piano
Gerhart Hetzel, violon
Rudolf Streng, alto
Wiener Philharmoniker
Riccardo Muti, direction

Un album du label Orfeo C867121B
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Photo à la une : Riccardo Muti – Photo : © Todd Rosenberg Photography 2014